L'origine du projet
Dès le début de l'entrée en guerre de l'Allemagne, violant la neutralité de la Belgique
le 4 août1914, la Grande Bretagne, et avec elle les forces armées de
l'empire britannique, se portèrent au secours de l'armée belge qui ne pouvait pas évidemment
contenir très longtemps les troupes allemandes lancées sur notre territoire.
Il est clair également que l'Angleterre, comme les autres puissances alliées, n'avait pas eu le
temps de reconvertir son industrie vers la production intensive de matériels militaires.
Mr Graham P. Spicer, officier de liaison entre le Ministère des Munitions et le
Gouvernement belge l'exprime clairement dans son discours du 9 mars 1918
:
"In the Summer of 1915, when the Ministry of Munitions was formed,
one of the most complex problems which had to be solved was the means
of providing an adequate supply of labour for the production of war material."
La demande de munitions était incessante et la plupart des usines anglaises furent, en ce début
de guerre, très désorganisées par l'enrôlement dans l'armée des meilleurs ouvriers animés d'un
sens aigu de patriotisme qui les poussait à partir au secours des soldats au front, dans les tranchées.
Le besoin de main-d'œuvre était crucial tant pour l'extraction de matières premières que
pour la manipulation des machines et l'usinage des munitions. De plus, le Ministère des Munitions
qui avait projeté l'ouverture d'un grand nombre d'usines était confronté au problème du recrutement
de centaines de milliers d'hommes et de femmes.
Cela constituait un véritable cauchemar pour ce Ministère.
Une commission issue du Ministère du Travail et chargée d'explorer les possibilités offertes en
France et en Hollande fut mise sur pied. Elle parvint rapidement à la conclusion qu'une main d'œuvre
qualifiée pouvait être trouvée parmi les belges réfugiés en Grande Bretagne mais elle constata
également que la plupart des ouvriers belges, blessés de guerre et réfugiés en Angleterre,
avaient déjà été recrutés dans de nombreuses usines anglaises et que de nombreuses difficultés
d'adaptation étaient apparues à cause de la langue et des habitudes contrastées de cette population.
Celles-ci toutefois avaient pu être souvent surmontées au point qu'il apparut évident à cette
commission de ne pas perturber davantage ces ouvriers. La lecture des trois premiers rapports,
les deux premiers d'origine belge et le troisième d'origine anglaise écrit un an plus tard illustre
assez objectivement les énormes difficultés qui ont présidé à l'élaboration de ce projet et le rôle
essentiel que joua Mr Graham SPICER à cette époque.
En effet, c'est à ce stade de la réflexion qu'intervint Mr Gaham P. Spicer qui, pour
avoir résidé avant la guerre en Belgique et avoir eu de nombreux contacts avec les industriels belges,
considérait que ceux-ci présentaient le plus haut niveau de technologie industrielle du monde. En effet,
le remarquable succès de l'exposition internationale de Charleroi en 1911 confirmait pleinement ce point de vue.
Il fit au Gouvernement anglais, une proposition géniale dans sa simplicité : il proposa de tenter d'équiper
une grande usine anglaise avec uniquement de la main-d'œuvre qualifiée, semi-qualifiée et non-qualifiée belge,
placée sous l'entière responsabilité de la Belgique tant dans son recrutement, principalement au sein de son
armée, que dans sa formation accélérée.
* haut de page *
Les termes de son discours ne sont en effet pas équivoques :
"I have lived in Belgium in pre-war days.
I knew that her engineering enterprises were second to none in the world
and I was convinced that her Army must contain men who would enable us
to carry out our proposal."
De plus, il considérait que serait maximale la motivation des belges qui, par le biais de
ce travail, pourraient gagner et thésauriser l'argent nécessaire et indispensable à leur
réintégration lors de leur retour au pays.
Ses arguments furent favorablement accueillis par le Gouvernement anglais placé sous l'autorité
de Sir Lloyd George, qui approcha ensuite le Gouvernement belge en exil à
Sainte Adresse du Havre sous la conduite du Baron Charles de Broqueville,
cumulant alors les fonctions de premier ministre et de ministre de la guerre.
Le Gouvernement belge accepta la proposition à la condition que dans cette usine ne soit
employée que de la main-d'œuvre belge placée sous l'autorité quasi exclusive d'un Directeur
Général Belge. Il prenait l'engagement de recruter le personnel de direction ainsi qu'un
nombre suffisant d'ouvriers qualifiés qui assureraient eux-mêmes la formation des ouvriers
semi-qualifiés et des manœuvres. Le Gouvernement belge ne souhaitait aucune autre prérogative
pour lui-même et pour l'entreprise. Toute l'usine, les machines et les matières premières
seraient fournies par l'Angleterre qui prendrait également à sa charge la rémunération de
tout le personnel au taux local des entreprises anglaises. Bien entendu, toute la production
serait mise entièrement à la disposition du Gouvernement anglais qui en assurerait également
le contrôle de qualité.
Le succès de cet accord, sans doute unique non seulement pour l'Angleterre mais probablement
pour le monde entier à cette époque, dépendait totalement de la bonne volonté et de la
coopération des deux gouvernements et de ceux qui les représentaient.
Il s'ensuivit la rédaction des textes d'une convention bilatérale et le recrutement de
plus de trois mille ouvriers qualifiés, semi-qualifiés et manœuvres, dont un grand nombre
était accompagné de leur famille. Cela représenta une petite agglomération comptant environ
7.000 personnes réunies dans un site unique qui prit le nom de "BIRTLEY-ELISABETHVILLE"
en hommage à la reine des belge, situé dans la campagne à proximité de la ville de Birtley
dans le Comté de DURHAM.
Le Rapport Clément van Dijck
Au Commandant Blaise, A Monsieur H. de Bauche,
Messieurs,
J'ai l'honneur de vous
soumettre ci-joint -le 31 janvier 1916- le rapport donnant une idée d'ensemble sur la situation à ce jour de la National
Projectile Factory-Birtley et une considération découlant de ce rapport.
(sé) Clem. v. Dijck
NATIONAL PROJECTILE FACTORY - BIRTLEY
15 janvier 1916 - Rapport général
1er Contrat:
Le
17 septembre 1915 un accord fut signé entre les Directeurs Belges leur confiant
la direction de l'usine et du village avec contrôle par Armstrong des finances et des marchandises
à l'entrée et sortie de l'usine. Ceci est l'idée générale.
Organisation :
1°. Un bureau fut constitué à Londres environ le
1er octobre 1915.
2°. Un plan d'organisation général des services fut établit. Ce tableau servit de guide au
recrutement du personnel supérieur, contremaîtres inclus.
3°. Un règlement général d'usine a été édicté.
4°. Pour autant que plans et détails étaient en notre possession il a été dressé une liste de
classes ouvriers et ouvrières requis dans l'affaire.
5°. Suivant le plan d'organisation des services de l'usine le système des fiches nécessaires dans
celle-ci et requis pour l'établissement de la comptabilité industrielle, relative entre les divers
services, fut dressé, approuvé par Armstrong et imprimé. Le système d'organisation des fiches se
composent (sic) de 54 fiches.
6°. Suivant le plan d'organisation des services d'administratifs, ce département préparait les
fiches, livres comptables etc.. qui, découlant du système de l'usine, devait parfaire à l'ensemble
des services techniques et administratifs.
7°. Le second contrat en date du
1er décembre 1915 réglait surtout le mode de prime sur prix de
revient et production.
Recrutement:
Main-d'œuvre.
Connaissant approximativement la main-d'œuvre requise, il a été établi un service en Hollande,
France et Angleterre, centralisé à Londres. Ces services sont maintenant suspendus. Pour que ces
services auraient (sic) pu fonctionner à la perfection nous devrions:
*- Avoir des usines pour employer les ouvriers.
*- Connaître le taux des salaires à payer.
*- Pouvoir garantir un logement.
Usines pour employer les ouvriers: Malgré la promesse du Ministère de nous indiquer des usines,
seule la maison Armstrong, en attendant la mise en marche de Birtley, nous a offert cette possibilité
de former un noyau ouvrier limitant cependant ces engagements à des ouvriers outilleurs, ajusteurs
et tourneurs. Ils ont accepté aussi quelques fondeurs (2) et quelques riveurs (12).
Connaître salaire à payer:Un tarif des salaires du district de Newcastle fut obtenu
à cet effet de la firme Armstrong. Ce tarif ne renseigne pas tous les métiers requis à Birtley et
malgré notre demande nous n'avons rien obtenu à ce sujet. Ce tarif est inférieur aux salaires payés
par certaines firmes recrutant à Londres et une liste incomplète des salaires payés par certaines
firmes a été dressée pour comparaison, nos réclamations à ce sujet sont restées sans résultats.
Logement: Le district n'avait, généralement parlant, pas de logement convenable
disponible.
De ce qui précède il résulte que sur environ 2.500 ouvriers de diverses catégories qui se sont
présentés pour être engagés et dont les dossiers sont à Londres, 300 ouvriers ont été engagés dont
approximativement 150 au travail à Birtley et approximativement 150 chez Armstrong.
RECRUTEMENT DU PERSONNEL TECHNIQUE SUPÉRIEUR, DIRECTEUR, ET SOUS-DIRECTEUR DE L'USINE,
PERSONNEL ADMINISTRATIF ET CONTREMAÎTRE.
Les nombreuses relations industrielles des personnes engagées tout d'abord ont permis très
rapidement un groupement suffisant pour la mise en marche de l'usine.
En plus, nous connaissons un certain nombre de personnes compétentes dans des usines autres que
celles faisant des munitions qui sont à notre disposition.
Recrutement du personnel tels régleurs, contrôleurs, brigadiers.
Ce personnel est celui qui nous fait le plus défaut et à ce jour, malgré nos demandes, le salaire
à leur payer à l'heure nous est encore inconnu.
Recrutement des élèves formés aux écoles de munitions.
Les écoles ont reçu le tarif des salaires que les élèves femmes et hommes gagneraient à Birtley
comme tourneur. Nous avons amené la maison Armstrong à prêter 2 machines pour le finissage du culot
à la douille à l'école de Brixton pour entraîner la main-d'œuvre des femmes. L'école nous avisait,
il y a environ 3 semaines, qu'un grand nombre d'élèves étaient à notre disposition.
Le Village
Nous avons dressé les plans du village. Ces plans ont été remis au Ministère des Munitions qui en
a donné l'exécution à divers entrepreneurs.
Un délai considérable s'est produit au Ministère entre la remise de nos plans et un commencement
d'exécution. Pour remédier à ce retard le
Birtley Hall a été, avec permission du Ministre des
Munitions, équipé pour recevoir environ 150 hommes (logements et pensions).
**retour au chapitre Village**
L'organisation des services du village devait se trouver sous notre direction.
Un plan d'organisation avait été établi.
Ce village comprenait :
*- Maisons des directeurs et chefs de service
*- Maisons ouvrières et pour contremaître.
*- Boarding houses, Camps et Réfectoires.
*- Il était question d'une Coopérative, École, Hôpital, Station de pompiers, etc..
Technique
Au point de vue technique, la situation suivante nous était imposée :
1° L'usine montée et équipée par Armstrong sous le contrôle de leurs chefs Anglais accepte
d'employer des Belges comme ajusteurs-monteurs, manœuvres, électriciens, etc.. qui peuvent
servir plus tard dans l'usine.
2° L'usine ainsi montée et équipée serait livrée prête à fonctionner et un outillage d'environ
250 jeux d'outils pour les petites machines du département des douilles avec un nombre correspondant
à l'usine de ceux-ci en fait de poinçons, matrices, etc..
3° La mise en marche de l'usine se fera en commençant par le département des douilles.
La firme Armstrong nous fournira pour commencer les flancs jusqu'au jour où nous serons à même
de produire notre propre matériel brut.
4° Les rapports entre notre Direction de l'usine et Armstrong n'ont pas été fréquents étant donné
qu'une usine complète devait nous être livrée et que des suggestions ne nous étaient pas demandées.
Les questions suivantes ont cependant été débattues et admises comme suit :
Pour le système de pointage à l'entrée et sortie nous avons convenu d'employer le "Day Time Register".
Un magasin central appartenant à Armstrong verserait un certain stock dans le magasin de chaque atelier
en passant inspection.
Les ouvriers seront payés chaque semaine, le jeudi, à des guichets payant chacun 200 ouvriers.
Une pharmacie serait établie.
Le contrôle de la sous-station électrique deviendrait dès à présent belge.
La construction des bureaux généraux serait faite suivant nos plans, ceux-ci découlant de
l'organisation de nos services. Ces bureaux sont en construction.
Les analyses des métaux seraient temporairement faites par Armstrong.
Notre direction technique a également fait une demande de ce qui suit :
Une liste des articles nécessaires en magasin pour la mise en marche du département des douilles;
cette liste, afin de voir si elle est complète.
Un stock de micromètres et autres instruments nécessaires à nos contremaîtres, brigadiers,
contrôleurs et régleurs de machines.
L'admission du principe de l'achat à crédit de micromètres, etc.. par notre personnel.
Plans des éléments (douilles) dans les diverses phases de fabrication.
Plans complets de l'outillage du département des douilles pour examen et transfert à notre chef
de département des douilles.
Le remise des jauges et calibres pour le contrôle de l'outillage de la douille à l'usage de notre
contrôleur d'outillage.
Considérations découlant du rapport qui précède:
Sujet:
Afin de tirer profit dans un délai aussi bref que possible de la situation nouvelle de l'entreprise
et désireux de procéder avec ordres et méthodes, je crois utile de vous soumettre :
1° Le plan d'organisation général des services techniques et administratif tel qu'il existe (
ou copie)
2°Le règlement général de l'usine ainsi qu'il est édité.
3° Dresser à nouveau suivant les plans et opérations la liste des diverses classes ouvriers et
ouvrières requis dans l'usine.
4° Soumettre pour étude et à votre approbation le système d'organisation des fiches nécessaires
au fonctionnement de l'usine.
5° Obtenir de notre service administratif le système d'organisation des fiches, livres comptables,
etc.. prévus pour parfaire à l'ensemble des services techniques et administratifs.
Recrutement.
Centraliser à Birtley le service de recrutement. Arranger avec le Ministère des Munitions le
recrutement à Londres. Dresser liste des salaires de toutes les classes d'ouvriers avec nombre
requis en comparant avec salaire du district et salaires payés par les autres firmes.
Pousser l'achèvement et l'ameublement des camps et maisons.
Nous préparer à reprendre chez Armstrong les employés y travaillant, engagés par nous, en
commençant par en dresser une liste indiquant exactement le métier de chacun.
Personnel Technique.
Fixer le salaire de ce personnel basé sur les salaires offerts au centre de recrutement. Renouveler
les demandes faites et indiquer dans le rapport si toutefois ceci serait jugé utile. Soumettre à
l'approbation un programme en vue de la prochaine mise en marche du département des douilles.
(sé) Cl. van Dijck.
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Le Rapport Doreye-Forgeur
NOTE SUR LA NATIONAL PROJECTILE FACTORY DE BIRTLEY
Le 16 février 1916
en note manuscrite latérale:
Je transmets pour information à Mr Debauche ce rapport - n° 1386- qui émane de M.M. Doreye
et Forgeur. s/ Dupont)
I. Préliminaires
A) En Août 1915, nous présentâmes au War Office anglais un projet de création
d'une usine pour la production de munitions de guerre en utilisant le concours exclusif de techniciens
belges et d'ouvriers belges. Le Gouvernement Britannique aurait avancé les fonds.
Après examen approfondi et remise de plusieurs notes à ce sujet, le Gouvernement Britannique
décida de ne pas entrer dans cette voie.
B) Cependant le Ministère des Munitions britannique nous fit la contre-proposition de prendre la
direction générale d'un arsenal du Gouvernement britannique en construction à Birtley, près de
Newcastle. Nous eûmes à cet effet le 6 Septembre 1915 une réunion plénière
à laquelle assistèrent:
*- Mr WINTOW, Director of Army Contracts, représentant le War Office,
*- Mr WEST et Capt. PAULET, représentant le Ministère des Munitions,
*- M.M. NICHOLSON et COLGATE, représentant le Board of Trade,
*- M.M. Saxton NOBLE, Sir Percy GIROUARD, Général, Sir Charles OTTLEY, Amiral, représentant
la firme "Armstrong"
*- et nous-mêmes.
Les principes généraux y furent arrêtés.
II. Ce qui avait été convenu.
A) Nous mîmes comme condition que la Direction Générale, les Services Techniques et Administratifs
ainsi que toute la main-d'œuvre fussent belges, sans aucune exception, ce qui fut accepté.
Le Gouvernement Britannique devait déléguer la Firme Sir W.G. Armstrong, Whitworth and co Ld pour
le contrôle de la partie financière et technique.
B) Peu de jours après, à la demande du Ministre des Munitions, un accord fixant nos rapports mutuels
fut signé le 17 septembre 1915, entre la Firme Armstrong et nous-mêmes.
Notre rôle y était déterminé (il devait être repris dans un contrat direct entre nous et le Ministère
des Munitions dont nous devions dépendre):
a) Direction générale des services techniques et administratifs.
b) Recrutement du personnel technique et administratif suivant un tableau d'organisation annexé à
la Convention.
c) Recrutement du personnel ouvrier.
d) Etude, organisation et administration d'un camp pour célibataires et soldats réformés et d'un
village en bois, à construire, où les ouvriers et leurs familles devaient être logés, tous les
logements aux environs de Birtley étant occupés.
Celui de
Sir W.G. Armstrong, Whitworth and co Ld comprenait:
a) Le contrôle de toutes les dépenses.
b) La surveillance de la fabrication.
c) Les conseils techniques à donner à la direction belge, au besoin, à sa demande.
Il fut entendu, en outre, que nous devions nous mettre en rapport avec H.M. Office of Works qui
était chargé de la construction du camp et du village et avec les autorités locales pour son
administration qui nous incombait.
C) Le contrat entre le Ministère des Munitions et nous devait être signé immédiatement après la
signature de la Convention avec la Maison Armstrong.
III. Ce qui a été fait.
a) En ce qui concerne le contrat. La signature du contrat formellement promis par le Ministère
des Munitions fut remise de jour en jour. La firme Armstrong qui, dans le principe, ne devait pas
intervenir, travailla auprès du Ministère pour s'assurer la direction complète et le contrôle absolu
de l'affaire. Si bien que le 3 octobre 1915, c'est-à-dire 2 1/2 mois après, cette firme, d'accord
avec le Ministère des Munitions, nous soumit un texte de contrat consacrant sa mainmise sur l'affaire,
et contraire aux principes formellement acceptés à la séance plénière du 6 septembre au War Office.
Nous devenions des employés de la Maison Armstrong.
Nous fûmes forcés de signer ce contrat sous menace de rompre tous rapports, car nous avions conscience
de la responsabilité très lourde que nous aurions encourue en rompant un contrat qui devait permettre
à un grand nombre d'employés et de techniciens et à 6.000 ouvriers belges de trouver du travail et de
participer à la libération de leur Patrie.
Néanmoins, avant de signer ce nouveau contrat, Mr Doreye se rendit au War Office pour faire part de
ce que l'on exigeait de nous. Il lui fut d'abord répondu que ce contrat était contraire aux
engagements qui avaient été pris et ce ne fut qu'après quelques jours qu'on lui dit qu'il pouvait
le signer. Depuis lors, une lutte s'engagea entre le Ministère des Munitions et le War Office qui
n'acceptait pas le principe du contrat.
Le War Office avait été tenu au courant des difficultés dont il est parlé ci-après, créées aux
directeurs généraux et des ordres et contrordres qu'ils recevaient. Au cours d'une conversation,
on suggéra la reprise de l'affaire par le Gouvernement Belge pour couper court à toutes difficultés.
b) En ce qui concerne le village. Suivant les instructions reçues, nous avons élaboré dès septembre,
d'accord avec H.M. Office of Works, en tenant compte des nécessités des ouvriers belges, les plans
du camp et du village, de sorte que pour la mi-octobre tout était préparé pour la mise en
adjudication du travail dont l'urgence était très grande. A notre initiative, les propriétaires des
terrains dont on ne s'était pas inquiété, avaient été approchés. Subitement, à la mi-octobre, sans
nous consulter, on retire toute l'affaire à l'Office of Works et la confie à une commission qui ne
connaissant pas les nécessités, change les plans que nous avions signés et remet tout en question,
et on ne nous met plus au courant de rien, malgré toutes nos réclamations.
Le résultat a été un retard énorme. C'est ainsi que le camp qui devait être en état de recevoir des
ouvriers dès le 15 novembre, n'est pas encore habité aujourd'hui. On a été, par la suite, obligé de
faire des arrangements temporaires dans un cinéma à Birtley. Les conséquences de ce retard et des
conditions très défectueuses du logement sur le recrutement de la main-d'œuvre ont été très
défavorables.
c) Recrutement.
1°) du personnel technique.
La date du 15 décembre nous ayant été d'abord indiquée pour la mise en marche d'une partie de l'usine,
nous avons cherché à enrôler le personnel inférieur nécessaire pour assurer une bonne marche,
complétant ainsi le personnel supérieur dont les noms avaient été donnés au Ministère et que nous
avions engagé dès le début pour qu'il ne nous échappe pas.
Le retard dans l'érection de l'usine ne nous a pas permis d'engager de suite ce personnel inférieur,
et nous avons dû lui faire des promesses vagues et vis-à-vis de certains d'entre eux nous nous
sommes mis dans une situation très pénible pour nous. Plusieurs ne pouvant attendre se sont occupés
ailleurs.
2°) de la main-d'œuvre.
Nous avons immédiatement établi une forte organisation pour réunir les ouvriers et les ouvrières
nécessaires dont le nombre devait être porté à 6.000 après l'achèvement total des usines. Le
Ministère des Munitions nous avait promis de nous aider en plaçant les ouvriers de métiers,
en attendant que notre usine fût prête, dans des usines anglaises.
Cela n'a pu être réalisé par lui, sauf pour quelques classes d'ouvriers et en petit nombre, admis
chez H.M. Armstrong dans leurs usines de Newcastle. Après une série d'ordres et de contrordres de
la part de cette firme, nous avons proposé des palliatifs comme salaires d'attente, emploi des
ouvriers de métier à l'érection de l'usine et du village en leur payant la différence entre le
salaire gagné et celui de la catégorie d'hommes à laquelle ils appartenaient etc.., etc... rien
n'a été fait. Nous avons signalé le danger de nous trouver sans ouvriers spéciaux à la mise en
marche, et, pour toute réponse, sans nous consulter, malgré nos protestations, on nous ordonna
le 29 novembre de suspendre du jour au lendemain tout recrutement, ce qui jetait hors d'emploi
14 personnes activement occupées en Hollande, en France et en Angleterre, et menaçait de façon très
sérieuse tout l'avenir de l'affaire.
A peine avions-nous prévenu tout ce personnel de ce coup de théâtre qui nous mettait dans une
situation impossible à leur égard, que nous apprenons par la personne que le Ministère des Munitions
avait chargée de reprendre la question du recrutement en main, que l'ordre qu'on nous a donné de
licencier le personnel n'est pas conforme à ce qui a été décidé au Ministère. Cette personne,
Monsieur Spicer, n'a rien changé aux dispositions prises par nous; elle nous a donné l'ordre de
réengager le personnel. Cette manière de faire, ajoutée aux faits que, depuis lors, leurs traitements
ont été payés parfois avec 8 ou 15 jours de retard, que leurs dépenses ont été contestées, d'autres
non remboursées, ont fait perdre confiance aux personnes qui s'occupaient du recrutement.
Seulement, aucune décision n'étant prise en ce qui concerne les points essentiels que nous avions
soulevés, toute la plus grande partie de nos efforts sont perdus, les ouvriers qui arrivent encore
par notre organisation vont où on peut leur donner du travail et des salaires correspondant à leurs
aptitudes.
Au sujet des salaires à promettre aux ouvriers, nous n'avons pas cessé de demander quel en était le
taux. A ce sujet, nous sommes restés sans réponse pendant longtemps de la part de la firme Armstrong.
Nous avons reçu, dans quelques cas, une série d'indications contradictoires de sorte que des hommes
ngagés suivant les salaires indiqués au moment de leur engagement arrivaient à Birtley et recevaient
un salaire différent. Cela a créé de graves difficultés et a nui considérablement au recrutement,
nous mettant nous-mêmes et nos agents recruteurs dans une situation impossible vis-à-vis de nos
compatriotes. Il est toute une classe de personnes dont on aura besoin dès le début et dont les
salaires ne nous sont pas connus.
La plus grande partie de la main-d'œuvre doit être "semi-squilled". Nous avons fait des arrangements
avec les "schools for training munition workers" en vue de former la main-d'œuvre belge et notamment
un nombre considérable de belges de toutes les classes de la société qui ne trouvent pas d'emploi
(petits rentiers, employés, ouvriers de divers métiers, petits bourgeois, etc...).
Le retard mis à l'érection de l'usine nous a mis dans une situation très difficile et vis-à-vis de
la direction des écoles et vis-à-vis des personnes que nous y avons envoyées. Afin que ces écoles
puissent nous envoyer des ouvriers formés, nous avons demandé à la firme Armstrong les salaires à
payer et la réponse ne nous est parvenue qu'avec environ 2 mois de retard. Malgré toutes ces
difficultés nous avons recueilli 2.500 demandes signées d'ouvriers belges désireux de travailler
avec nous.
d) En ce qui concerne les payements que nous avions à faire.
Nous avons toujours suivi les indications reçues pour les demandes d'argent. Malgré cela, à
diverses reprises, sans motifs connus, sans préavis, on nous a laissé sans argent, nous mettant
vis-à-vis du personnel dans une position plus qu'ennuyeuse. Plus tard, on ne nous envoyait qu'une
partie de l'argent nécessaire, supprimant des comptes, remis certains postes au hasard, semblait-il,
et, en tous cas, sans motif. Tous ces comptes ont, du reste, été reconnus exacts et payés plus tard.
En attendant, dans bien des cas, les directeurs ont dû payer de leur poche des avances mêmes
importantes, et dans d'autres, ils se sont trouvés dans la situation humiliante de ne pouvoir payer
le personnel et même aux ouvriers, des sommes dûes.
e) Construction de l'usine.
Les plans pour la construction de l'usine ne nous ont pas été communiqués. Malgré nos demandes, à
l'heure actuelle nous ne connaissons les dispositions prises que pour une partie de l'usine, et
encore, n'avons-nous pas les détails de l'outillage, ni les dessins des produits à fabriquer alors
que la mise en marche est imminente. Au point de vue activité, le travail de construction est poussé
fébrilement par la firme Armstrong, mais sans organisation et sans prévoyance. C'est ainsi que l'on
attend toujours la dernière minute pour rechercher les ouvriers dont on a besoin. Ceux-ci ne pouvant
être trouvés qu'après quelques jours, on est souvent sans ouvriers. Aussi le temps perdu est-il
considérable. Le retard a eu déjà des conséquences très graves sur le recrutement de la main-d'œuvre
et même du personnel technique.
f) Assurances ouvrières.
Des accidents sont déjà survenus aux ouvriers belges travaillant à la construction de l'usine sous
les ordres et pour le compte de M.H. Armstrong et nous avons constaté qu'aucune mesure n'avait été
prise pour régulariser leur situation. Nous avons dû intervenir pour qu'on se décide à faire le
nécessaire.
g) Les bureaux.
Les bureaux dont on nous a demandé, le 21 septembre, un croquis, remis le 25, sont à peine commencés
et ne seront pas prêts d'ici longtemps. On nous demande cependant de transporter tous nos bureaux
à Birtley; mais, malgré les observations faites par nous, on ne nous dit pas où nous devons aller
ni où nous devons placer nos archives.
h) Correspondance avec M.H. Armstrong.
La correspondance avec la firme Armstrong prouve abondamment ce qui est dit ci-dessus. Dans bien
des cas, nous sommes restés sans réponse à des demandes formulées. On nous a dit même qu'on ne
répondrait plus par écrit à nos demandes. Plus tard cependant, on répondait par écrit à certaines
d'entre elles, généralement de peu d'importance, laissant les questions importantes en suspens.
Un cas typique est celui du "War Bonus" promis à notre personnel technique. Une lettre de la firme
indique que ce "War Bonus" est de 25% pour certaines catégories et, quelque temps après, la firme
nous demande de quelle autorité nous avions promis 10% à ces personnes. La firme Armstrong,
en conversation, nous avait signalé ses craintes au sujet du personnel supérieur de la forge et
du laboratoire par suite du renvoi du chef des forges. A deux reprises, nous avons signalé à la
firme par écrit, que nous pouvions obtenir le concours de M. Fernand Nepper, chef des services du
laboratoire et des forges de la Fabrique Nationale d'Armes de Guerre, et on nous a laissé sans
réponse etc..., etc...
En résumé.
Dans tous les domaines, la politique a été de ne nous donner qu'ordres et contrordres; de ne nous
laisser faire quelque chose que pour l'annuler et le recommencer peu après dans les mêmes conditions.
Il semblerait que le but poursuivi fut, non pas de mener à bien l'entreprise, mais de chercher
par tous les moyens, à réduire le rôle de la direction belge à un rôle secondaire et à la cribler
de mesures vexatoires au risque de compromettre tout le succès de l'entreprise.
IV. Ce qui peut et devrait être fait.
La main-d'œuvre belge est excellente les techniciens formant l'Etat Major de l'Usine sont de tout
premier ordre; qu'on leur donne la liberté de donner la mesure de ce qu'ils savent faire.
Un contrôle s'impose et il faut quelqu'un de responsable vis-à-vis du Gouvernement Britannique.
Le Gouvernement Belge peut prendre cette responsabilité. Il s'agit d'une entreprise conduite par
ses nationaux. Il déléguerait pour ce contrôle une personnalité technique et industrielle en qui
il pourrait avoir toute confiance, qui servirait de trait d'union entre le Gouvernement Britannique
et lui, d'une part, et jouerait le rôle d'administrateur délégué vis-à-vis de la Direction générale.
Le contrôle financier serait laissé au Gouvernement Britannique qui déléguerait un
"Chartered Accountant" à cet effet et non une firme commerciale. Les matières premières seraient
fournies par le Gouvernement Britannique.
Avec cette liberté de donner leur pleine mesure, les Belges prouveront ce dont ils sont capables.
**retour au menu**
Le point de vue anglais.
Vue britannique du rapport Doreye-Forgeur.
Le 17 août 1917.
(traduction d'un rapport d'origine anglaise donnant, après un recul de 18 mois,
le point de vue britannique du rapport Doreye-Forgeur)
L'Histoire de la National Projectile Factory à Birtley est un témoignage intéressant sur la création
d'une colonie temporaire belge dans cette contrée. Le schéma général de la création de cette usine
fut l'érection à grande échelle d'une importante manufacture d'obus et de cartouches placée sous la
direction de Sir W.G. Armstrong, Witworth & CO ltd, en tant qu'agent du Ministère des Munitions.
Alors que ce projet était encore à l'ébauche et que le problème de la désignation de la direction de
cette nouvelle usine nationale était engagé, non sans anxiété, au sein du Département du Travail au
Ministère de l'Intérieur britannique, trois personnalités belges approchèrent le Ministre pour lui
soumettre une proposition visant à trouver la quantité suffisante de travailleurs belges, tant qualifiés
que non qualifiés, qui équiperaient toute l'usine pendant que le Ministère en définirait le plan et le
financement. Des négociations s'ensuivirent et débouchèrent sur un accord visant à introduire ces trois
personnalités au sein de la firme Sir W.G. Armstrong Whitworth and CO. Ltd, en vue du recrutement,
en premier lieu, des ouvriers indispensables à l'équipement de la N.P.F. à Birtley, et ensuite, de
placer cette usine sous la supervision de la firme Sir W.G. Armstrong Whitworth and CO. Ltd, et
travaillant pour le Ministère des Munitions.
Les arrangements d'un recrutement élaboré d'ouvriers par ces personnalités belges furent mis en place,
ces derniers étant hébergés dans les bureaux londonniens de la firme Armstrong pendant la construction
de l'usine et d'un village modèle destiné à loger ces ouvriers.
En
novembre 1915, quand la construction de l'usine fut bien avancée, quelques doutes
survinrent chez le Ministre à propos de la poursuite du recrutement. Un officier du Ministère des
Munitions qui avait été chargé de faire un rapport sur l'avancement des travaux de ces trois belges a
mis en doute le bon vouloir de ceux-ci.
Les belges comptaient baser leurs recrutements sur les sources suivantes :
* les Belges, de la région, non employés dans les usines avoisinantes.
* les Belges venant de leur pays et qui seraient capable de quitter les territoires occupés.
* les Belges qui vivaient dans des camps de concentration en Hollande.
* les Belges réfugiés en France.
C'était leur intention d'utiliser temporairement des travailleurs qui, en attendant que l'usine soit
en activité, travaillerait à sa construction et à l'édification du village. A la suite d'une visite
inopinée que le Ministre fit sur le site, il ne fut pas favorablement impressionné par la catégorie des
travailleurs qui avaient été, jusqu'alors recrutés. De plus, le logement et l'utilisation des ces
soldats recrutés ne plaisaient pas aux usines avoisinnantes, la construction du village traînait, et la
principale objection était qu'on allait engager des ouvriers qualifiés belges au détriment des autres
usines. Il devint évident au Ministre que les travailleurs belges ne pourraient être enlevés des usines
de munitions existantes et que la probabilité de trouver suffisamment d'ouvriers qualifiés sur place
devenait aléatoire. Le représentant du Ministère décida donc d'aller en Hollande et en France afin
d'enquêter sur les possibilités de recrutement et d'avoir ainsi d'autres sources de recrutement.
De la discussion avec le consul général britannique en Hollande et des commissions britanniques
en place dans ce pays qui y recherchaient des belges réfugiés, il apparut qu'un flot constant de
travailleurs belges qualifiés s'échappait des territoires occupés en dépit de la surveillance allemande
et des clôtures électriques. Il y avait en outre une grande compétition entre les grandes usines à
munitions de ces régions et celles de France et du Congo belge.
L'attitude du gouvernement hollandais n'était pas favorable à la soustraction d'ouvriers belges de
leurs camps de concentration, pendant que leurs familles et des camarades moins expérimentés étaient
délaissés par l'état hollandais. D'un interview avec le Ministre français des munitions, il fut clair
qu'il y avait une forte opposition à la soustraction de leur région de travailleurs belges expérimentés.
Un rapport parvint au Ministre suivant lequel les arrangements en cours n'étaient pas satisfaisants et
que la seule et meilleure façon de recruter des ouvriers belges qualifiés était d'approcher le
gouvernement belge et de lui demander de l'aide en cette matière. Il devint évident que la seule source
disponible de recrutement d'ouvriers qualifiés était d'aller les chercher dans l'armée belge.
Cette proposition fut approuvée et un officier du département fut envoyé au Havre afin de demander
au gouvernement belge en exil de bien vouloir rechercher des ouvriers qualifiés au sein de l'armée belge
et de les recruter comme cela se faisait dans l'armée anglaise. La situation fut complètement expliquée
au premier ministre belge, le baron Charles de Broqueville, qui exerçait aussi la fonction de Ministre
de la guerre.
Les points suivants faisaient partie de la proposition :
* Il y avait un grand manque d'ouvriers qualifiés.
* Il y avait une demande urgente d'approvisionnement en munition du front.
* Il n'était pas possible d'utiliser des ouvriers belges non qualifiés sans qu'ils ne soient encadrés
par des ouvriers qualifiés.
Il n'était pas possible de trouver ces ouvriers qualifiés dans d'autres sources que l'armée. Les ouvriers
qualifiés rendraient un bien plus grand service aux forces alliées s'ils étaient utilisés dans les usines
plutôt que dans les tranchées. Le souhait des travailleurs belges était d'être regroupés au sein d'une
même usine et d'être logés dans un village où ils retrouveraient leurs habitudes. Il y avait une
opportunité de permettre à un bon millier de belges de gagner de bonnes sommes d'argent qui leur
permettrait de redémarrer une activité à leur rentrée au pays après la guerre.
Le baron de Broqueville apprécia pleinement la force de ces arguments et anticipa la grande opposition
de l'armée à cette proposition. Il promit, en outre, de consulter le Roi, qui était aussi le chef de
l'armée belge. A une interview suivante, le baron de Broqueville fit état de ce que le gouvernement
belge reconnaissait ses devoirs vis-à-vis du gouvernement britannique et se préparait à l'assister
dans cette matière sans exiger de contrepartie mais à ces conditions :
* Que tous les travailleurs, qualifiés et non qualifiés, seraient trouvés par le gouvernement belge,
mais que seuls, des belges soient recrutés pour cette usine.
* Que les travailleurs belges soient placés sous l'autorité d'un directeur général belge nommé par
le gouvernement, et qui devrait être parfaitement compétant pour diriger des travailleurs et qui
avait l'expérience de la gestion d'une grande entreprise.
* Que ces services soient rendus directement par le gouvernement belge au gouvernement anglais sans
l'intermédiaire d'une firme commerciale.
Ces conditions furent ensuite approuvées dans leurs principes par le Ministre des Munitions
(Mr. Lloyd George) en février 1916. Cet accord entraîna naturellement l'annulation de tous les accords
précédents conclut avec les trois belges antérieurement et les accords avec la firme Sir W.G. Armstrong
Whitworth and CO, ltd., ce qui entraîna également la séparation en deux parts des travaux initialement
prévus à Birtley. L'usine de cartouches resterait sous le contrôle de la firme Armstrong, tournant
avec des travailleurs britanniques parmi lesquels se trouvait de très nombreuses femmes tandis que
l'usine des obus passerait sous l'autorité belge exclusive dirigée par un ingénieur nommé par le
gouvernement belge avec l'accord du Ministre des Munitions.
Cette modification fut approuvée par le gouvernement belge.
Un accord intervint entre les deux gouvernemts suivant lequel le gouvernement belge s'engageait à
fournir tous les travailleurs requis au fonctionnement de cette usine d'obus et à nommer un directeur
général. Le gouvernement britannique s'engagea à construire l'usine et le village, à fournir les plans
et tous les matériaux nécessaires, à payer tous les salaires suivant les taux locaux en vigueur et
disposerait de tous les produits finis. Un représentant du gouvernement britannique résiderait en
permanence sur le site et veillerait aux intérêts du gouvernement britannique, particulièrement dans
leurs aspects financiers et économiques. Le gouvernement britannique s'engagea à payer le coût du
transport de tous les travailleurs et de leurs familles ainsi que leur rapatriement en Belgique à la
déclaration de la paix.
Le gouvernement belge s'engage à retirer de son armée un millier de travailleurs qualifiés. La
construction de l'usine était déjà bien avancée et les plans d'un village modèle était aussi
dressés bien avant que le gouvernement belge ne fut approché. Les plans furent quelque peu aménagés
et la construction du village se poursuivit rapidement pour autant que le mauvais temps le permit.
Entretemps, le gouvernement belge mit en route sa recherche d'ouvriers spécialisés dans les armées
et donna des instructions aux chef militaires en Angleterre de mettre à la dispition du projet de
Birtley tous les hommes qualifiés disponibles dès leur sortie d'hôpital. Ils acceptèrent, en outre,
de continuer à payer les soldes des militaires et les différentes allocations jusqu'à ce que l'usine
fut en mesure de les recevoir. Ainsi tous les problèmes financiers disparurent lors du recrutement.
Des arrangements furent trouvés pour assurer une formation aux travailleurs non qualifiés au sein de
l'école de Loughborough. Quelque 500 personnes suivirent cette formation et furent logés durant celle-ci,
à Loughborough, dans "The Poor Law Institute".
Simultanément, le gouvernement belge avait ouvrit un centre de formation à Moisson en France où les
hommes retirés de l'armée pouvaient se former ainsi que les soldats blessés, soignés en France.
Une instruction fut également donnée au centre belge de tri à Aldwych pour ceux que le projet intéressait.
Il faut souligner cependant que plus de 80% des travailleurs de Birtley furent recrutés parmi les
soldats-ouvriers qualifiés, utilisés au front et des soldats proposés à la réforme pour raison médicale.
Entretemps, une ville complète surgit dans la proximité immédiate de l'usine. Des huttes de bois furent
mises à la disposition des célibataires à raison de trois locataires par chambre, et trois restaurants
spacieux équipés d'une cuisine centrale furent construits avec une capacité de servir 2.000 repas par
service. Des cottages avec deux ou trois chambres, étaient à la disposition des hommes mariés et de
leurs familles. Un grand hôpital avec salle d'opération et installation RX fut mis à la disposition de
médecins militaires aidés d'infirmières, de soignantes et de sages-femmes belges. Le village fut doté
d'une église et d'un cimetière gérés par des religieux belges, d'une école pour 500 enfants et de
maîtres et maitresses belges supportés par le gouvernement belge ,enseignant dans les deux langues,
le français et le flamand. Un bureau de poste relié à la poste britannique mais servi pas des
professionnels belges fonctionnait également. Un grand marché couvert distribuait tous les produits de
consommation pour les ménages. La viande et les matières périssables étaient entreposées dans des salles
réfrigérées.
Suivant les termes de l'accord, le village avait ses gendarmes belges, un poste de police avec ses
cachots mis à la dispossitions de policiers belges sous contrôle du Chef constable de Durham.
Le directeur général belge nommé par le gouvernement belge, Mr Debauche, et son équipe administrative,
arriva comme prévu à Birtley en février 1916.
Des arrangements furent pris avec un officier du comité belge des réfugiés pour le transport des ouvriers.
Ceux qui venaient de France transitaient par Folkestone et arrivaient à Birtley en passant par Londres.
Des arrangements plus élaborés furent proposés à ceux qui venaient de toutes les régions d'Angleterre.
Un officier belge, aidé par des sous-officiers, reçut la charge du village. On proposa aussi des
arrangements permettant la culture de petits jardins, l'aménagement de zônes de récréation et de
divertissement en général. Le
30 juin 1917 plus de 7.000 belges avaient rejoint Birtley, parmi lesquels
environ 3.500 travailleurs.
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La Convention Anglo-Belge.
CONVENTION
Entre le Gouvernent Anglais, représenté par
Monsieur Lloyd George, Ministre des Munitions d'une part,
Et le Gouvernement Belge, représenté par
Monsieur le Baron de Broqueville, Ministre de la Guerre et
Président du Conseil, d'autre part,
Il a été exposé ce qui suit :
E X P O S É
Le Gouvernement Anglais fait construire à Birtley une usine importante pour la fabrication d'obus de
calibres divers destinés au Gouvernement Anglais. Il a demandé au Gouvernement Belge de prêter son concours pour organiser, diriger et assurer pour compte
exclusif du Gouvernement Anglais, l'exploitation de cette usine.
Le Gouvernement Belge acquiesce à la demande du Gouvernement Anglais, et en conséquence
il a été convenu ce qui suit :
C O N V E N T I O N
Art.I
L'usine de Birtley sera montée et équipée complètement par le Gouvernement Anglais et à ses frais
suivant toutes les règles de l'art. Chaque atelier sera pourvu de tous les appareils, moteurs,
transmissions et machines-outils nécessaires pour la production d'obus envisagée. Il sera fourni
également les calibres d'atelier de tous genres nécessaires ainsi que les appareils d'essais de mesure
et de vérification. Le Gouvernement Anglais fournira la force motrice nécessaire à l'usine, ainsi que
le courant nécessaire à l'éclairage; il fournira également tous les moyens de transport, locomotives,
wagons, ponts-roulants, etc.. Le Gouvernement Anglais s'engage à prendre des mesures pour que les
firmes fournissant les machines et machines-outils, les fournissent munies de tout l'outillage
nécessaire pour permettre la fabrication complète des obus, et que ces firmes démontrent en présence
du Directeur de l'usine et du représentant Anglais à la satisfaction de ces derniers, que ces machines
sont en parfait ordre de marche.
Art.II
Le Gouvernement Belge s'engage à nommer un directeur général belge pour toute la durée de ce contrat;
il se charge de trouver le personnel nécessaire tant en ce qui concerne la direction, qu'en ce qui
concerne le personnel ouvrier, et de fournir notamment, au fur et à mesure des besoins, un millier
d'ouvriers de métier qu'il retirera de l'armée belge en campagne.
Le Gouvernement Anglais s'engage d'autre part à accepter le personnel engagé par le Gouvernement Belge
dans les conditions stipulées ci-après.
Le Gouvernement Anglais s'engage également à faciliter, autant que possible, aux femmes et jeunes garçons
belges l'entrée dans les Ecoles techniques créées en vue d'enseigner l'usinage des projectiles. Il
tâchera, autant que possible, de s'arranger de façon que les femmes et garçons belges sortant de ces
écoles soient engagés aux usines de Birtley. D'autre part le Gouvernement Anglais examinera avec la
plus grande bienveillance les demandes que lui fera le Gouvernement Belge concernant la cession par
les usines anglaises aux usines de Birtley, de main d'œuvre occupée actuellement dans ces usines anglaises.
Le Gouvernement Anglais s'engage à fournir en temps conformément aux demandes qui lui seront faites par
la Direction de l'usine, avec l'approbation du représentant du Gouvernement Anglais, toutes les matières
premières, tout le matériel et tous les fonds nécessaires, tant pour la mise en train et l'exploitation
de l'usine que pour l'entretien des immeubles, de la voirie, du matériel, etc..
Une provision suffisante, à fixer par la Direction de commun accord avec le représentant du Gouvernement
Anglais, sera fournie à cet effet.
Les appointements et les salaires seront donc supportés par le Gouvernement Anglais. Les appointements du
personnel de la Direction qui comprend les personnes mentionnées ci-dessous sont arrêtés d'accord entre
les deux Gouvernements en prenant pour principe d'intéresser le dit personnel à la production.
Le personnel de la Direction sera payé collectivement au prorata de la production et sur les bases
suivantes :
*- 3 1/2 d. pour chaque obus de 8" accepté pour la production des premiers 4000 obus chaque semaine
et 4 1/2 d. pour les suivants.
*- 3 1/2 d. pour chaque obus de 6" accepté pour la production des premiers 6000 obus chaque semaine
et 4 1/2 d. pour les suivants.
*- 3 1/2 d. pour chaque obus de 5" accepté pour la production des premiers 4000 obus chaque semaine
et 4 1/2 d. pour les suivants.
Toutefois, il sera versé à la fin de chaque mois, et à valoir sur les sommes susdites, :
*- £166.13. 4 au Directeur Général.
*- £37.10. 0 au Secrétaire, chef comptable.
*- £50. 0. 0 à l'Ingénieur en Chef.
*- £50. 0. 0 à l'Ingénieur Conseil.
*- £37.10. 0 au Chef de la section des Forges.
*- £41.13. 4 à chacun des deux Chefs de section de l'usinage, représentant la douzième partie
des appointements annuels minimum, assignés à chacune de ces personnes.
Le surplus, constituant la prime à la production sera remis à la fin de chaque période de six mois au
Gouvernement Belge qui en assurera la répartition. Il est bien entendu que le minimum payé jusqu'au jour
où les parts d'intérêts dépasseront le minimum, reste acquis. Les salaires des contremaîtres et ouvriers
seront fixés par la direction de l'usine d'après les taux unitaires des salaires admis dans ce district,
taux qui ne seront dépassés en aucun cas. Pour lui permettre d'agir de la sorte, le Gouvernement Anglais
fournira à la Direction de l'usine, un barème de salaires indiquant les salaires horaires, minima, et les
salaires payés à la pièce pour chacune des catégories de contremaîtres, chefs d'équipes et d'ouvriers à
utiliser dans l'usine.
Les frais à résulter des voyages du personnel effectués pour les besoins de l'usine seront à la charge
du Gouvernement Anglais. Il sera de même accordé une indemnité représentant les frais de premier voyage
jusqu'à l'usine, du personnel recruté en France, en Belgique et en Angleterre et de leur famille.
La direction tiendra des comptes exacts de chaque somme versée. Ces comptes et tous les documents
nécessaires au représentant du Gouvernement Anglais pour la vérification et le contrôle de toute
somme payable par ce gouvernement, seront tenus par la direction de l'usine à la disposition du dit
représentant.
Art. III
Le gouvernement belge s'engage à faire fabriquer dans les conditions énoncées à la présente convention,
des munitions suivant les plans et indications que lui fournira le gouvernement anglais et dans les
proportions qui lui seront indiquées. Ce dernier gouvernement pourra modifier comme il l'entendra la
nature et les quantités proportionnelles de munitions à mettre en fabrication. Toutes les munitions
seront soumises aux contrôleurs anglais qui effectueront les essais de réception.
Art. IV
Le directeur général belge entrera en fonctions à la date de la signature de la présente convention. Il
s'occupera de mettre successivement en marche les divers départements de l'usine au fur et à mesure de
la fourniture et du montage des machines, et engagera le personnel au fur et à mesure des besoins.
Pour lui permettre d'assurer sa tâche, le gouvernement anglais fournira immédiatement au directeur les
renseignements les plus complets concernant l'agencement de l'usine, des ateliers, des appareils, des
moteurs, des machines-outils et de leur outillage.
Le directeur pourra, naturellement, faire au gouvernement anglais toutes les suggestions qui lui
paraîtront convenables pour améliorer les installations en vue d'un meilleur rendement.
Art. V
La comptabilité industrielle de l'usine sera assurée par les soins du directeur général. Le gouvernement
anglais tiendra à l'aide de ses propres agents la comptabilité légale. A cet effet, la direction fournira
aux agents anglais les indications nécessaires.
Art. VI
Le gouvernement anglais nommera un représentant qui surveillera le personnel anglais de l'usine, c'est à
dire les contrôleurs et les employés de la comptabilité et qui servira d'intermédiaire entre la direction
de l'usine et le Gouvernement Anglais.
Art. VII
La Direction de l'usine et le personnel ouvrier relèveront exclusivement du Gouvernement Belge qui, de
son côté, garantit l'exécution de cette convention par les personnes qui relèvent de lui.
En conséquence, et sauf l'exception stipulée à l'art. 2 en ce qui concerne le paiement des salaires,
la direction s'inspirera uniquement des méthodes en vigueur en Belgique dans l'exercice de ses fonctions,
et notamment pour l'utilisation de son personnel ouvrier.
Art. VIII
Le Gouvernement Anglais s'engage à créer immédiatement et à ses frais, à proximité de l'usine un village
destiné à loger tout le personnel étranger. Ce village sera établi et organisé suivant toutes les règles
prévues par la loi anglaise et suivant le projet préparé par le Gouvernement Anglais; il sera notamment
pourvu des canalisations d'eau potable et d'évacuation, des installations de police, de voirie,
d'incendie, d'école, du culte, de santé et d'approvisionnement en denrées de toute nature.
Le Gouvernement Belge enverra à Birtley pour la police du village, un personnel de gendarmes belges,
qu'il placera sous les ordres d'un officier belge.Ces gendarmes agiront dans l'accomplissement de leurs
devoirs de commun accord avec la police et les autorités anglaises.
Les stipulations de cet article ne peuvent, en aucun cas entraver le libre exercice de la Juridiction
anglaise.
Le loyer qui sera perçu pour les maisons d'habitation meublées, sera :
*- 3/6 par semaine et par célibataire,
*- I0/- par semaine pour une maison da 3 chambres à coucher, une chambre d'habitation, une buanderie.
*- 8/- par semaine pour une maison de 2 chambres à coucher, une chambre d'habitation, une buanderie.
Ces prix comprennent l'éclairage et le chauffage pour les logements des célibataires, mais ne comprennent que
l'éclairage pour les maisons. Tous les frais à résulter de la construction et de l'entretien du village et
des services d'utilité publique seront à la charge du Gouvernement Anglais.
ART. IX
Le Gouvernement Anglais accepte, envers les ouvriers employés à Birtley, la même responsabilité en cas
d'accident du travail que si les ouvriers étaient utilisés par lui.
ART. X
Lors de la cessation des hostilités les ouvriers chefs d'équipe et contremaîtres ainsi que leur famille
seront rapatriés aux frais du Gouvernement Anglais, dès que ce sera possible. Dans le cas où les
fabrications ne donneraient pas satisfaction au Gouvernement anglais, soit en ce qui concerne la
production, soit en ce qui concerne le prix de revient, les deux Gouvernements examineraient,
d'accord entre eux, les dispositions à prendre pour améliorer la situation.
Le Gouvernement Belge prévoira et fera prévoir dans les conditions d'engagement du personnel de la
direction, des clauses de résiliation pour les cas de force majeure ou les cas où le personnel ne
donnerait pas satisfaction.
Fait à Londres en quatre copies, dont deux en Anglais et deux en Français, le onze février mil neuf
cent seize.
(sé) Broqueville (sé) Lloyd George.
Pour copie conforme,
(sé) Blaise
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La Convention H. Debauche et le Gouvernement Belge.
MINISTÈRE DE LA GUERRE
Cabinet
Entre le Gouvernement Belge, représenté par
Monsieur le Baron Charles de Broqueville,
Ministre de la Guerre et Président du Conseil, d'une part,
et
Monsieur Hubert Debauche, Administrateur-Directeur Gérant de la Société Anonyme des
Forges, Usines et Fonderies de Gilly, d'autre part,
Il a été exposé et convenu ce qui suit:
E X P O S É
Le Gouvernement Belge a conclu avec le Gouvernement Anglais une Convention par laquelle il s'est
engagé à prêter son concours pour organiser, diriger et assurer l'exploitation, pour compte exclusif
du Gouvernement Anglais, d'une importante usine de fabrication d'obus de divers calibres.
Avant de conclure cette convention. le Ministre de la Guerre Belge a pressenti Monsieur Debauche
sur son acceptation des fonctions de directeur général de l'usine sise à Birtley près de Newcastle.
Monsieur Debauche a déclaré se mettre entièrement à la disposition du Gouvernement Belge pour étudier
l'affaire. Il a, en conséquence fait, avec le Capitaine Commandant Blaise, délégué par le Ministre
de la Guerre de Belgique, une visite des installations de l'usine en cours d'aménagement, mais leur
étude a été forcément incomplète pour les raisons suivantes :
*- Aucune presse à obus n'était montée;
*- Les fours à chauffer les blooms n'étaient pas construits;
*- Aucune machine outil pour le parachèvement des obus pour l'outillage n'était installée;
*- Les dessins de ces divers appareils n'ont pas été produits malgré la demande qui en a été faite;
*- Les renseignements demandés à plusieurs reprises au sujet des salaires "à la pièce" n'ont pas été fournis;
*- L'atelier de réparation avec fonderie n'existait pas et ne figurait même pas sur les plans de
l'usine.
Il a déclaré ensuite accepter éventuellement les fonctions de Directeur Général et a pris
connaissance des clauses de la convention liant les deux Gouvernements relativement à cette usine,
convention qui sera jointe aux présentes.
En conséquence, la convention ci-après est intervenue.
C O N V E N T I O N
Art. 1.
Monsieur Debauche est nommé Directeur Général de l'usine anglaise à munitions de Birtley. Il entre
en fonctions le jour de la signature de la convention passée entre les deux gouvernements, c'est à
dire le onze février mil neuf cent seize. Il s'engage à consacrer exclusivement toute son activité
et tous ses efforts à la mise en marche et à l'exploitation de l'usine de Birtley.
Il habite à Newcastle ou dans une localité plus rapprochée de l'usine.
Il dispose d'un logement meublé gratuit, avec chauffage et d'une automobile avec chauffeur.
L'entretien de l'automobile ne sera pas à sa charge.
Art. 2.
Monsieur Debauche aura le choix du personnel de direction désigné à l'Art.2 de la Convention passée
entre les deux Gouvernements à l'exception de l'ingénieur conseil qui sera désigné par le
Gouvernement Belge et placé sous les ordre du Directeur général. Toutefois Monsieur Debauche devra
soumettre ses propositions de nominations à la ratification du Gouvernement belge. De son côté, le
Gouvernement désignera un officier belge, inapte au service de campagne, blessé de guerre ou
pensionné pour maladie pour diriger les services du Village belge ainsi que les médecins,
pharmaciens, aumôniers et instituteurs nécessaires. Cet officier et le personnel qui lui est
adjoint sont placés sous les ordres du Directeur général.
Art. 3.
Le personnel et la direction de l'usine sera payé collectivement comme il est dit dans l'art. 2
de la convention avenue entre les deux gouvernements. La répartition, entre le personnel intéressé,
de la prime à la production sera faite comme suit :
Cinquante pour cent au Directeur général,
Le restant, de commun accord entre le Directeur général et le Ministre de la Guerre Belge.
Art. 4.
Si la nécessité en est reconnue la composition du personnel de direction prévue à l'art. 2 de la
Convention signée entre les deux Gouvernements pourra subir certaines modifications.
Art. 5.
Monsieur Debauche tiendra Monsieur le Ministre de Broqueville au courant de la marche de l'ensemble
de l'affaire. Les renseignements qu'il aura à lui adresser périodiquement lui seront indiqués par le
Capitaine Commandant Blaise , Délégué par le Ministre en qualité d'Administrateur de l'usine.
Art. 6.
Les fonctions de Monsieur Debauche prendront fin en même temps que la convention intervenue entre
les deux gouvernements. Cependant, si la gestion de Mr Debauche ne donnait pas satisfaction au
Gouvernement Anglais, ou en cas de force majeure comme prévu à l'article II de la Convention, le
Gouvernement Belge pourra, à la demande du Gouvernement Anglais, renoncer aux services de Monsieur
Debauche moyennant un préavis de un mois. En ce cas, avant de quitter ses fonctions, Monsieur
Debauche recevra , outre les émoluments qui lui seraient dûs au titre d'appointements et de prime
à la production, une somme de £ 2.500 pour tous dommages et intérêts quelconques.
Monsieur Debauche engagera son personnel soit avec une clause de résiliation dans les contrats
d'engagement avec dédit maximum de 1 mois de traitement, soit sans clause aucune, les usages
belges réglant en ce cas les conditions de résiliation.
(sé) Debauche (sé) Broqueville
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La Réunion de Newcastle.
A l'ordre du jour de la réunion du 2 Mars 1916, dans les bureaux de la Gendarmerie de Newcastle,
figurait l'importante question de l'organisation de la Police sur le site de Birtley.
Etaient présents :
* Dr WRIGHT, Chief Constable of Newcastle
* Sir Robert CARLYLE, Représentant local des Autorités Ministérielles.
* Mr Graham P. SPICER, Représentant du Ministère des Munitions à Birtley.
* Mr Hubert DEBAUCHE, Directeur Général de la National Projectile Factory.
* Lieutenant Léon ALGRAIN, Responsable de la Gendarmerie Belge au village d'Elisabethville.
* Mr John Byron DOLPHIN, Adjoint du représentant du Ministre des Munitions à Birtley.
Mr Graham P. SPICER expose schématiquement les dispositions arrêtées à propos de l'organisation du
village d'Elisabethville et souligne l'intérêt général de toutes les parties, et principalement du
Chef de gendarmerie de Duham, de faire connaître parfaitement les modalités de déplacement des
Belges, étant donné la proximité de Newcastle et de l'usine elle-même. Mr Spicer expliqua ensuite
le contenu des Conventions établies entre les Gouvernements Britannique et Belge et notamment la
décision de construire une usine et un village sur le site de Birtley, de fournir à cette entreprise
tout le matériel et les matières premières nécessaires, de prendre à sa charge les traitements et
salaires du personnel recruté pour cette usine et enfin de gérer toute la production d'obus
manufacturés dans cette entreprise.
Le Gouvernement belge a nommé
Mr Hubert Debauche au poste de Directeur Général de l'Usine. De même,
il s'est engagé à fournir un certain nombre de gendarmes, placés sous les ordres du Lieutenant
L. Algrain. Il demande aussi que soient définies très exactement leurs prérogatives en accord avec
le Chief Constable de Durham, Mr Morrant.
Mr Spicer fit alors remarquer que le Chief Constable de Newcastle, Dr Wright, allait être concerné
par trois types de déplacement des belges dans la région, à savoir :
- 1° le déplacement des Belges en route pour Birtley.
- 2° le déplacement occasionnel de Belges se rendant à Newcastle.
- 3° le déplacement de Belges résidant à Birtley.
En ce qui regarde le point 1°, le
Dr Wright pense que si des Belges font route vers Birtley, il
n'est pas nécessaire qi'ils soient enregistrés à Newcastle. Le problème soulevé par le point n°2
est une matière beaucoup plus difficile à traiter. Les autorités de Birtley souhaitent retenir
le plus possible ces hommes dans le village, mais il semble évident pour toutes les parties,
que cela ne soit pas possible pour une certaine catégorie de personnes qui seront amenées à se
déplacer de temps en temps à Newcastle.
Mr Spicer suggéra qu'un arrangement pourrait être trouvé sous la forme de la distribution d'un
laisser-passer avec photographie exigé pour chaque travailleur, limité à un rayon de déplacement
et donné uniquement aux personnes autorisées à se déplacer. Cette autorisation ne serait donnée
que pour des trajets vers Newcastle, Duham ou autre part, et limitée à quelques heures d'un jour
particulier.
Dr Wright pense que cela peut résoudre ce point mais que cet avis doit être validé par le Ministère
de l'Intérieur et que ce passeport soit obligatoire pour tout étranger circulant dans le pays. Il
fut décidé que Mr Spicer en discuterait en détail avec le Chief Constable de Durham et le Ministère
de l'Intérieur.
Dr Wright ne pense pas qu'il soit nécessaire d'exiger une inscription au registre de la population
de Newcastle dans le cas où ces hommes seraient amenés à ne se déplacer que pour une courte période
de temps et qu'ils ne doivent pas y séjourner une nuit entière.
Pour le point n°3, Mr Spicer estime que le Dr Wright fut plus anxieux que la Police qui devrait
avoir les moyens de donner une assistance aux gens qui devraient quitter Birtley. Tous reconaissent
cependant la difficulté de résoudre le cas d'un homme qui recevrait l'argent qui lui est dû et qui
disparaîtrait ensuite.
Dr Wright semble penser qu'il y a un risque qu'on peut assumer et qu'il y a lieu de donner
l'instruction que quiconque doit avertir la Police avant de quitter Birtley. Les autorités de
l'usine n'auront pas à intervenir dans ce problème.
Fin de la réunion.
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La Réunion de Durham.
Le 3 mars 1916, eut lieu une importante réunion tenue dans le bureau du Chef de la Gendarmerie
à Durham et dont le sujet consistait à préciser les rôles respectifs attribués à la Gendarmerie
de Durham et la Gendarmerie belge de Birtley.
Etaient présents :
*- Mr MORRANT Chief Constable of Durham.
*- Mr Graham P. SPICER Représentant du Ministère des Munitions à Birtley.
*- Mr Hubert DEBAUCHE Directeur Général de la National Projectile Factory.
*- Lieutenant Léon ALGRAIN Responsable de la Gendarmerie Belge au village d'Elisabethville.
*- Mr John Byron DOLPHIN Adjoint du représentant du Ministre des Munitions à Birtley.
Mr Spicer résuma les nouvelles propositions de la réunion du 2 Mars à Newcastle relatives à
l'organisation de Birtley et notamment les propos tenus par le
Dr Whright la veille à Newcastle.
Il ajouta également que suivant le rapport du Ministère de l'Intérieur, Mr Morrant semblait mal
informé sur la position exacte de Birtley et devait être tenu pleinement au courant de la situation
actuelle.
Mr Morrant s'inquiétait beaucoup des capacités que pouvait avoir l'Officier belge en charge du
Village à comprendre et s'exprimer en anglais. Mr Spicer le rassura en lui disant que si le
Lieutenant Algrain pouvait un peu s'exprimer en anglais, ses assistants avaient une bonne
connaissance de la langue.
Mr Spicer alors en vint à la question relative aux belges qui seraient amenés à se rendre à Birtley,
et ajouta que bien qu'il soit conscient des craintes exprimées par Mr Morrant, il ne lui paraissait
pas utile de s'attarder à des détails de cette importance. Il mit l'accent sur le climat de méfiance
de l'arrivée en Angleterre de Belges à destination de Birtley et sur le fait qu'en les retenant à
Londres il y avait un danger de les perdre au détriment du recrutement de l'usine. Après quelques
discussions, il fut convenu que tout serait dûment contrôlé par le Ministère du Travail, que tous
les papiers, etc, parviendraient en bon ordre et qu'un écrit reprenant le nom de chaque individu
lui parviendrait, précisant en particulier le train par lequel ces ouvriers seraient acheminés.
De plus, il fut précisé qu'un représentant du Gouvernement accompagne le convoi depuis Londres.
En ce qui regarde le pouvoir donné aux gendarmes, Mr Morrant assura qu'il ne voyait pas d'objection
à ce que soit écarté tout belge coupable de trivialités telles qu'ivresses, querelles, vols à l'
intérieur du village aussi longtemps que le calme et la séréneité soient revenus. Il souhaite qu'il
n'y ait pas d'autres sanctions que la détention temporaire et que, s'il le fallait, on puisse
faire appel immédiatement à la Police locale anglaise dans les cas de rixes, bagarres,etc.. De
cette façon, Mr Morrant pense que les gendarmes belges pourraient considérablement venir en aide
de leurs collègues anglais et permettre ainsi d'en réduire leur nombre. Pour autant que le village
en soit concerné, les gendarmes anglais conserveront leur droit d'entrer dans le village, laissant
aux belges le soin d'y effectuer des rondes de surveillance. L'usine proprement dite, resterait à
la garde de la Police anglaise.
Mr Morrant exprima l'ardent souhait que les gendarmes belges puissent aussi s'exprimer en anglais,
ce qui faciliterait grandement la co-opération avec ses hommes. Il demande qu'un bureau soit mis à
la disposition de la Police anglaise sur ce territoire et qu'à cette condition il accepte que tous
les belges puissent s'inscrire au registre de la population sur place, sans devoir pour cela quitter
le village. Mr Spicer promit que tous ces points seraient accordés.
Mr Spicer rapporta ensuite la discussion qu'il avait eue la veille avec le Dr Wright sur le point
d'accorder aux hommes la possibilité d'aller pendant quelques heures à Newcastle, Durham ou autre p
art, et Mr Morrant lui donna son accord général sur les conclusions de cet entrevue. Il insista
cependant sur le fait que chaque homme devrait être enregistré au bureau de Police, même s'il ne
passe pas une nuit complète. et propose de revenir sur ce point lors d'une entrevue ultérieure.
Mr Spicer mit en exergue le fait que chaque ouvrier engagé pour Birtley doit passer préalablement
par le bureau du Ministère du Travail installé au village de Birtley et il suggéra que le Directeur
du bureau soit la meilleure source de renseignements vers la Police locale des mouvements d'entrée
ou de sortie de Birtley. Ce point fut accepté.
Mr Morrant insista fortement sur la nécessité de réglementer les centres de délassements et de
divertissements à l'intérieur du village de Birtley, et Mr Spicer lui confirma que cela était
prévu dans le village par le Ministère au Birtley Hall.
Mr Spicer invita Mr Morrant à examiner personnellement avec lui dans deux jours, les arrangements
prévus pour Birtley.
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Les Polices Locales.
Le 13 mars 1916 eut lieu la première réunion sur l'organisation locale des services de polices anglais
et belge.
Etaient présents :
*- Mr MORRANT Chief Constable of Durham.
*- Lieutenant Léon ALGRAIN Responsable de la Gendarmerie Belge au village d'Elisabethville.
*- Mr Victor CROMPHAUT Secrétaire Général de la National Projectile Factory.
*- Mr E. JACOBS Service du Cadastre.
L'objet de la conférence a été d'échanger quelques vues au sujet de la question de police en vue
d'éviter tout malentendu entre la police belge et la police britannique et aussi pour donner quelques
explications complémentaires et notamment le texte complet des règlements suivants:
* Dispositions restrictives concernant les étrangers.
* Dispositions concernant l'éclairage.
* Dispositions concernant les débits de boissons alcooliques.
qui sera fourni par les autorités anglaises et dont les passages importants seront traduits et
affichés dans le village.
Monsieur le Chief Constable Morrant a demandé si les policiers spéciaux (gendarmes) porteraient des
armes à feu. Il lui fut répondu qu'en Belgique, les gendarmes constituaient un corps de police montée,
armée de carabines, de brownings et de sabres ou yatagans. En Angleterre, les "policemen" n'ont
généralement que leur "truncheon". Cette question pourra être traitée plus tard.
Dans tous les cas, il est bien entendu que les habitants du village (militaires, civils militarisés
et autres) ne pourront avoir en leur possession (sur eux ou dans leurs habitations) aucune arme à feu.
Il y aura dans la colonie une cellule spéciale pour l'incarcération provisoire ou temporaire des ivrognes
ou autres délinquants. Pour les cas sérieux, la police belge aura à les notifier immédiatement aux autorités
anglaises.
Pour ce qui est des règles à observer pour l'engagement du personnel belge pour Birtley et l'arrivée à
destination, Monsieur le Chief Constable de Durham rappela ce qui avait été convenu avec Monsieur Spicer
et Monsieur Debauche (voir instructions de Mr Spicer ci-jointes) . Chaque Belge devra avoir un
certificat de nationalité du Consulat (avec photographie et empreinte du pouce). A l'arrivée à
Newcastle, un gendarme (à ce sujet, il est recommandé que cet agent sache bien l'anglais) les amènera
à Birtley où ils seront d'abord enregistrés par la police locale avant de s'installer dans le village.
Il a été convenu qu'un registre de tous les habitants (y compris les femmes et les enfants) avec toutes les
indications complémentaires utiles sera tenu par l'autorité belge. Quand un Belge sera constaté manquant,
la police anglaise devra en être avisée. Il y aura lieu de prévenir les Belges par voie d'affiche que ceux
qui quitteront Birtley sans s'être mis en règle préalablement avec la police britannique seront passibles
de peines sévères. Les Belges ne pourront s'absenter de Birtley pour se rendre dans une zone prohibée,
par exemple, Newcastle ou Durham ou environs (toute la région étant prohibée) sans avoir obtenu l'autorisation
de la police locale.
Il est proposé que cette autorisation soit donnée dans un carnet d'identité avec
photographie, présenté préalablement avec un avis favorable du Lieutenant Algrain. Les autorisations ne seront
données que pour des raisons suffisantes.
Les Belges de Birtley auront la faculté de se déplacer sans autorisation dans un rayon de 2 miles (à voir?)
du centre de Birtley. Il sera dressé une carte (prévoir un nombre suffisant d'exemplaires) montrant la zone
comprise dans ce rayon.
Les autorisations de se trouver à Newcastle ne comportent pas l'autorisation de passer la nuit dans cette
ville (sauf dans des cas spéciaux). Il faut être rentré le soir à Birtley.
Entre-temps, la question du débit des bières et liqueurs dans le village a été abordée. Monsieur le Chief
Constable a exposé qu'il ne croyait pas que le magasin pourrait vendre des produits sans l'obtention d'une
licence légale qui nécessiteraient de longues formalités. En tous cas, les habitants pourront se procurer la
bière et les liqueurs en les commandant préalablement à des négociants qui transportent à domicile.
L'expérience dictera ce qu'il y aura lieu de faire. Il n'y a pas de péril en la demeure.
Au cours de la conférence, il a été dit par le Chief Constable de Birtley qu'actuellement, il y a déjà à
Birtley 354 Belges (sans compter les femmes et les enfants).
Monsieur le Chief Constable de Durham a questionné Monsieur le lieutenant Algrain concernant l'époque de
l'arrivée des gendarmes et des 200 militaires dont on lui a parlé. Monsieur le Chief Constable sera fixé en
temps utile.
En terminant la conférence, Monsieur le Chief Constable a déclaré l'entretien "quite satisfactory" et a
exprimé la conviction que l'organisation belge conserverait avec les autorités britanniques les meilleures
relations.
Fait à Birtley le 13 mars 1916
Victor CROMPHAUT.
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Les Alcools et les Débits de Boissons.
MEMORANDUM OF CONRERENCE HELD AT BIRTLEY
on Wednesday, MARCH 22nd
REGARDING SAFE OF LIQUOR IN THE BIRTLEY DISTRICT.
Presents :
*- MM. SCOTT and CANE Representing the Central Control Board (Liquor traffic)
*- Mr MORRANT Chief Constable of Durham.
*- Mr Graham P. SPICER Représentant du Ministère des Munitions à Birtley.
*- Mr Hubert DEBAUCHE Directeur Général de la National Projectile Factory.
*- Lieutenant Léon ALGRAIN Responsable de la Gendarmerie Belge au village d'Elisabethville.
*- Mr John Byron DOLPHIN Adjoint du représentant du Ministre des Munitions à Birtley.
*- Mr KIDD Délégué de Sir W.G. Armstrong Whitworth & Co.
Mr Spicer outlined the situation at Birtley and emphasised the desirability of taking steps to prevent
the Belgian and English workmen hobnobbing together in publichouses in the district. As far as the
Belgian village was concerned it was proposed that only the very lightest beer - to which Belgians
are accustomed - should be sold, and no spirits.
He pointed out that while it might be possible to declare the Public houses out of bounds in so far
as Belgian military workmen might be concerned, it would be difficult to do so in the case of
civilians. He suggested, however, that if the Central Control Board were to take over all the
licenses within a. given area, and also to control the sale of liquor in the Belgian village,
it might be possible to treat the public-houses as canteens reserved for English workmen, and to
provide one or two special places reserved for Belgians.
Mr Kidd strongly supported the desirability of segregating English and Belgian workmen as much as
possible, and suggested that the liquor Board might provide for the sale of liquor within Messrs.
Armstrongs Cartridge Case Factory.
Mr Spicer stated that there would probably eventually be about 4.000 Belgian workers in the Belgian
village, and Mr Kidd estimated that there would probably be about 2.000 workers at Messrs. Armstrongs
Cartridge Case Factory, of which about 75% would be women.
The Chief Constable of Durham strongly supported the idea of taking steps to segregate Belgians and
English and produced a map showing various licensed houses within a radius of two miles, and he
suggested, that it would be necessary for the Board to take over all the licensed houses within that
area if the scheme were to be a success.
Mr Debauche from the Belgian point of view also supported the suggestion provided a couple of canteens
near the opposite sides of the zone on Sundays where the Belgians who might be walking in the
neighbourhood could take their families and obtain light beer.
He pointed out that it was not proposed to work on Sundays at the National Projectile Factory, and
there would therefore be a considerable number of Belgians walking within the zone in which they could
circulate freely without obtaining the special permission necessary to allow them entering into other
prohibited areas. It would not be necessary for these special places to be opened other days in the
week, and Belgians from the village could, if necessary, be supplied to retail the beer under the
supervision of the Control Board.
It was generally felt that this suggestion meet the case.
It was agreed that the matter was one of considerable urgency as he Belgians would very shortly be
arriving in quantities, and it was desirable to start from the beginning upon the lines which it was
proposed to adhere to later.
It was arranged that a copy of this memorandum should be sent to each of the members present, and that
a letter should be addressed by the Ministry of Munitions and Sir W.G. Armstrong Whitworth & Co. to
the Central Control Board recommending that action upon the proposed lines should be taken.
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La Main d'oeuvre étrangère.
MINISTÈRE DES MUNITIONS.
Prescriptions relatives à la main d'œuvre étrangère dans les Usines de Munitions.
Cette note précise les conditions auxquelles le Ministère des Munitions consent à donner l'autorisation
nécessaire à l'emploi d'étrangers dans les usines de Munitions, d'après le "Order in Council" du
30 Mars 1916 - dont une copie est ci-jointe - et la procédure à suivre par les personnes employant de
la main d'œuvre étrangère dans les Usines de Munitions.
Il faut remarquer que le terme " étrangers " couvre toutes les personnes qui ne sont pas sujets
britanniques et comprend les Belges.
Pour la facilité de cette note, les étrangers peuvent être classés en 3 groupes:
I. Les étrangers qui le 30 mars 1916 étaient réellement employés dans une Usine de Munitions ou un
atelier dans ce pays.
II. Les étrangers déjà dans ce pays, sans emploi, ou employés autre part que dans une Usine de
Munitions ou un atelier.
III. Les étrangers qui peuvent être amenés dans ce pays dans une Usine de Munitions ou un atelier
par une firme employant des agents dans des pays étrangers pour recruter de la main d'œuvre
directement pour cette firme.
En ce qui concerne le groupe 1.
- étrangers déjà employés au travail des Munitions le 20 mars 1916 -
Toutes les maisons employant des étrangers ont reçu des instructions de communiquer au Ministère des
Munitions le nombre des étrangers autres que les Belges déjà dans leur emploi. Elles seront bientôt
priées de donner des renseignements en ce qui concerne les Belges.
Ces maisons devraient dès à présent prendre des mesures de façon que tout étranger qui n'est pas en
possession d'un "Identity Book" prescrit par l'"Aliens Restriction (consolidation) Order" en soit
pourvu aussitôt que possible. On devrait informer les étrangers que pour obtenir un "Identity Book"
en blanc et tous renseignements de s'adresser au bureau de police où ils sont enregistrés ou à Londres
au bureau de police le plus proche.
Le Ministère fera vérifier avec soin les papiers de chaque homme par un Inspecteur de Police, ou bien
interrogera l'étranger lui-même à l'Usine où il est employé.
Les étrangers dont les antécédents et les références seront très satisfaisants auront leurs papiers
visés ainsi que la permission de travailler aux Munitions. Le visa de ces papiers sera fait avec
célérité, et à moins que les maisons ne reçoivent d'instructions contraires, elles pourront continuer
à employer tous les étrangers qui étaient réellement en son emploi le 30 mars 1916.
Aucune mesure n'est nécessaire, autre que celle d'observer les prescriptions suivantes que toute
maison employant des étrangers des trois groupes sont tenues d'exécuter avec le plus grand soin :
*- de tenir un Registre mentionnant le nom, la nationalité et l'adresse de chaque étranger employé.
*- d'aviser immédiatement le Ministère des Munitions, 8 York Buildings, Adelphi, London et le Board
of Trade Labour Exchange le plus proche, du départ ou de l'absence sans congé de tout étranger,
en donnant la dernière adresse connue de l'étranger, les circonstances dans lesquelles il a quitté et
toute autre information considérée à propos.
*- en cas d'une absence sans congé, la police locale doit en être avisée immédiatement.
Toutefois en ce qui concerne les Belges, un point doit être noté :
Comme la majorité des Belges travaillant dans les Usines de Munitions ont déjà eu leurs papiers
vérifiés et visés, l'examen ne sera pas aussi strict à leur égard. Le Ministère ne vérifiera pas
les papiers de tous les Belges mais examinera ceux qui n'ont pas été visés auparavant.
En ce qui concerne le groupe II.
- étrangers déjà dans ce pays, sans emploi ou employés autre part que dans une Usine de Munitions -
Ces étrangers ne peuvent être engagés que par l'intermédiaire des Board of Trade Labour Exchange à qui
la demande doit être faite sur un formulaire fourni à cet effet et dont on pourra bientôt se procurer
des exemplaires à tous les "Labour Exchange" locaux.
Les employés des "Labour Exchange" seront tenus responsables de vérifier que chaque étranger placé par
eux possède des papiers portant le visa permettant de travailler aux Munitions.
Tout ce que les employeurs sont tenus de faire est d'observer les prescriptions données au verso des
formules du "Labour Exchange" mentionnées plus haut, c'est à dire les règles ordinaires en ce qui
concerne le tarif courant des salaires, l'envoi dans les sept jours au Ministère des Munitions,
M.M.L.I. d'un avis que l'étranger est employé et l'observation des trois prescriptions marquées (1),
(2) et (3) du paragraphe ci-dessus. Au cas où une firme désirerait employer un étranger qui se présente
personnellement, il est indispensable, même si ses papiers portent le visa permettant de travailler
aux Munitions qu'elle le fasse se présenter en personne au "Labour Exchange" et qu'elle donne elle-même
avis qu'elle est disposée à l'employer après que le "Labour Exchange" se sera renseigné s'il le juge
nécessaire.
En ce oui concerne le groupe III.
- étrangers qui peuvent être amenés dans ce pays par une firme ou par l'intermédiaire de leurs
agents recruteurs -
Les firmes qui emploient ou qui désirent employer un agent recruteur à l'étranger doivent fournir au
Ministère pour examen tous les renseignements concernant cet agent, à moins qu'il n'ait été approuvé
par le Ministère. Aucun étranger recruté par un agent qui n'est pas reconnu, ne sera autorisé à
débarquer dans ce pays.
Les agents sont reconnus et révoqués par le Ministère et ce pouvoir sera exercé avec rigueur au cas
où un agent aura envoyé dans ce pays des hommes d'une moralité indésirable ou pas suffisamment
"squilled", ou qui néglige d'expliquer entièrement et clairement les conditions de son emploi,
ou qui a fait des déclarations incorrectes en ce oui concerne les prescriptions de l'emploi des
étrangers au moment où ils sont engagés. Il est indispensable qu'il soit clairement déclaré dans
le contrat passé par l'agent recruteur avec les étrangers dans leur propre pays qu'ils seront employés
pendant tout la durée du contrat à moins qu'ils ne cessent de travailler de leur plein gré. De plus,
leur attention doit être attirée sur le fait qu'ils n'auront l'autorisation de retourner dans leur pays
qu'après la conclusion de la paix, car il est important qu'aucun étranger ne soit en droit de se
plaindre d'être venu dans ce pays sous malentendu en ce qui concerne la durée de séjour qui est exigée
de lui.
De plus, il est de très grande importance que des mesures suffisantes soient prises pour vérifier
l'habilité de l'ouvrier avant qu'il ne soit amené dans ce pays, car les Autorités Militaires ne
consentiront au rapatriement des étrangers que dans des cas exceptionnels. Une épreuve de travail
d'atelier empêchera une firme de s'embarrasser d'ouvriers étrangers qui pourraient être incompétents
ou peu satisfaisants.
Après que les étrangers auront été engagés par un agent recruteur reconnu, que leur contrat leur aura
été expliqué et qu'ils auront été mis à l'épreuve en ce qui concerne leur habilité, des mesures
devraient être prises par l'agent recruteur pour que les étrangers soient en possession d'un passeport
émis endéans les deux années précédentes. Ces passeports doivent être soumis au visa d'un Consul
Britannique avant que les étrangers ne s'embarquent pour ce pays.
A leur arrivée ici, ils seront soumis à l'examen habituel par les "Aliens Officers" et s'ils sont
acceptés par ceux-ci et autorisés à débarquer ils doivent être soumis à une inspection par un employé
désigné dans ce but par le Ministère des Munitions et à telle place que l'employé désignera.
Ils auront à se procurer un "Identity Book" de la même façon que le groupe I et si leurs références
et leur moralité sont jugées satisfaisantes le visa permettant de travailler aux munitions sera apposé
sur leur passeport & leur "Identity Book".
Ils pourront alors être envoyés aux Usines où ils seront employés.
Tout ce qui reste â faire pour l'employeur est de s'assurer que les prescriptions (a), (b) et (c)
susmentionnées soient scrupuleusement observées.
Tout Etranger qui est amené dans ce pays pour travailler pour une firme et qui par la suite désire
a quitter pour entrer au service d'une autre, entre dans le groupe II, aussitôt qu'il quitte la
première maison et il ne peut être engagé par une autre que par l'intermédiaire du "Bord of Trade
labour Exchange".
Tous renseignements et toutes questions se rapportant â l'emploi d'étrangers doivent être soumis
au Ministre des Munitions, M.M.L.I. 6, Whitehall Gardens, London S.W.
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Le Transfert des Belges.
ORGANISATION FOR THE TRANSFER OF BELGIANS TO THE NATIONAL PROJECTILE FACTORY, BIRTLEY.
A Conference took place in M. Spicer's room, Ministry of Munitions on Monday April 10th 1916.
Present:
*- M. NICHOLSON, representing the Board of Trade.
*- M. JOHNSTON, representing the Alien Department of the Ministry.
*- Mr Graham P. SPICER Représentant du Ministère des Munitions à Birtley.
During the conference the questions concerning the Home Office were referred to M. Moylan
of that Department by telephone and his assent to the proposals obtained.
The Belgians who will be employed at the Birtley National Projectile Factory may convently be
grouped under three heads:
1. The soldiers who are being withdrawn from the Belgian Army.
2. The reformed soldiers who are being instructed by the Belgian Military Authorities in this country
to work at Birtley.
3. Belgian civilians who are being engaged in this country by the Birtley Management to work at Birtley.
Class 1.
Mr Spicer reported that M. Campbell of the local Government Board was taking steps to arrange that
the Belgian Military Authorities at Calais would issue warrants for the journey from Calais to Birtley
to all soldiers who are sent from that part to Birtley, and that the cost of these warrants would be
transferred to the Birtley Factory by the Railway Clearing House.
The inconvenience and expense occasioned by these men being held up in London for examination was
considered, and it was agreed that such soldiers should be permitted to proceed direct from Folkestone
to Birtley on the strength of their military instructions without waiting to obtain the identity books
required by the Order in Council of March 30th - always providing that their papers be sent to the
Ministry of Munitions for examination immediately upon their arrival at Birtley.
It was agreed that the Belgian Military Authorities at Calais should be requested to send forward the
soldiers by the first boat after their arrival in Calais, and to hand to the soldier in charge of the
party a list in quadruplicate of the names of the soldiers included in his party and also to send a
telegram to the Manager of the Folkestone Labour Exchange advising him of the number of Belgians to be
met on the arrival of the boat in question.
The Manager of the Folkestone Labour Exchange will arrange to meet the boat, will supply the soldiers
with food, and will see that they are put into the train for London.
He will receive from the soldier in charge three copies of the list mentioned. He will send one copy
the same day to the Chief Constable of Durham the second copy to the General Manager of the Birtley
National Projectile Factory and the third copy he will keep. He will further send a telegram to the
London Divisional Office for Labour Exchange Stating the number of Belgians proceeding to London and
the time of the arrival of the train.
The London Divisional Office will arrange for a representative to meet the train to convey the soldiers
to King' Cross Station, to provide them with food and to see them into the train for Newcastle.
It will also send a telegram to the Chief Constable at Durham stating the number of Belgians
proceeding to Birtley and the time of arrival of the train. They, will also send a telegram to Birtley
Factory giving similar information in order that Birtley Factory may arrange for a representative to
meet the train at Newcastle and conduct the soldiers to Birtley.
Upon arrival at Newcastle the fourth copy of the list of names will be handed to the Birtley
representative who will check with it the names and number of men arrived by train.
Upon arrival at Birtley all the soldiers must hand their papers to the Management who will send them
attached to a complete list of men arrived that day to the Alien Labour Department of the Ministry of
Munitions, 6 Whitehall Gardens.
The soldiers will also be required to obtain identity books which will be provided at Birtley by the
Chief Constable of Durham.
After examination of the papers in London they will be returned to the Birtley management and if found
in order formal consent to the employment of the Belgians will be given. The papers will then be
returned by the Management to the soldiers.
It will be necessary for the Birtley Factory to arrange facilities for every soldier to be photographed
on arrival.
Class 2.
The representative of the Alien Labour Department of the Home Office agreed that provided the "réformés"
soldiers were bearers of military instructions to proceed to Birtley they might do no without waiting
to obtain the identity book which would be furnished to them upon their arrival at Birtley as provided
for Class 1.
An "Ordre de Marche" will therefore be issued to every "réformé" soldier by the Authorities in London
and a warrant for the journey will be supplied by the Labour Supply Department of the Ministry of
Munitions who will also advise the Chief Constable of their impending arrival. Upon arrival papers
and names will be sent to the Ministry ans identity books furnished as per procedure prescribed for
Class 1.
Class 3.
All civilians engaged for Birtley will be required to present themselves at the nearest Labour Exchange
and to show copy of their contract of engagement at Birtley. They must obtain from the police an
identity'book. Particulars as to where such books may be obtained will be furnished by the Labour
Exchange Particulars as to the other formalities to be fulfilled will be explained to them by the
Labour Exchange who will finally issue to them a warrant to Newcastle and will advise the Chief
Constable of Durham as to their arrival and also the Birtley National Projectile Factory as provided
in Class 1.
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L'Accueil des Belges.
MEMORANDUM OF INTERVIEW WITH MR CAMPBELL RELATING TO THE TRANSPORT OF BELGIAN SOLDIERS
FROM CALAIS TO NEWCASTLE.
This interview took place in Mr. Spicer's office on April 11th.
Mr Campbell stated that as a result of Mr. Spicer's request he had been in communication with the South
Eastern Railway who saw no difficulty in warrants being issued by the Embarkation Office at Calais to
Belgian soldiers destined for work at Birtley, and to the cost of these warrants being transferred to
the Birtley Factory by the Clearing House.
The Railway representative suggested that Army Books 206 or 408 might be used for this purpose provided
the warrants were endorsed "Belgian Soldiers for Birtley Works".
During the interview Mr. Campbell telephoned to Colonel Mance of the War Office who concurred and who
promised to send the necessary instructions to Calais on receipt of a confirmatory letter from Mr Spicer.
Mr Campbell then stated that he had been in communication with Mr. Nicholson of the Board of Trade and had
offered the services of his organisation to pilot the men from Folkestone to Newcastle, and he pointed out
that he thought the work could be done with less inconvenience and expense by his organisation than by the
Board of Trade. He stated his representatives met every boat at Folkestone and every boat train in London;
that there is a regular organization for feeding soldiers on the pier as they land which consists in giving
them coffee with a packet of sandwiches to eat in the train which are cut by the special machinery which
they have on the pier for the purpose and which enables them to be produced at a far less cost than that
at which they can be obtained elsewhere in the town.
His organisation also has a system of giving sixpenny food warrants to enable soldiers to obtain food
at stations en route where long journeys have to be undertaken. He proposed therefore that his
organisation should meet the soldiers on their arrival at Folkestone, feed them and see them into the
train, meet them at London, arrange for their transport by omnibus or underground to King's Cross,
place them in the train in charge of the guard, to see what they reach Newcastle in safety, and where
necessary to provide them with food warrants. He would further send the necessary advice by telegram to
the Chief Constable of Durham and to Birtley in order that the Factory might send to meet the men at
Newcastle.
Mr Campbell emphasised the fact that the food was always prepared at Folkestone and that the extra cost
to the country would therefore be very slight, and that as his representatives met every train no
separate organisation would have to be arranged. In view of these suggestions Mr Spicer agreed that
it would probably be desirable to accept the offer of the War Refugees Committee rather than that of
the Board of Trade, and communicated with Mr Nicholson by telephone who agreed.
This arrangement therefore supersedes that described under Class 1 of the Memorandum setting out the
arrangement come to at the conference on April -10th.
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