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LE VILLAGE DE BIRTLEY
Cette vue aérienne de la colonie belge installée près de Birtley sur la route de Duham vers Newcastle-On-Tyne et qui prit le nom de Birtley-Elisabethville en hommage à la Reine Elisabeth de Belgique donne assez bien une idée de la dimension du projet et l'ampleur de la tâche qui permit sa réalisation.
plan birtley
Ci-dessous le plan du village de Birtley-Elisabethville a été dessiné d'après un croquis servant de guide pour la visite du site à l'occasion du banquet du 9 Mars 1918. A partir des miniatures représentant quatre sections du village, on peut visualiser un agrandissement de celles-ci et lire les légendes qui y sont apposées.
croquis du village croquis du village
croquis du village
croquis du village
croquis du village
Le village se situe sur la route reliant la ville de Newcastle-on-Tyne (direction Gateshead) à Durham en passant par Birtley, ville d'environ 8.000 habitants du comté de Durham. Il se trouve ainsi à 500 km au Nord de Londres et 15 km au Sud de Newcastle-on-Tyne. Sa construction commencée dès le début de la guerre en 1914 entrait dans le cadre d'extension de l'industrie de guerre et devait recevoir une cartoucherie et une usine d'obus de différents calibres placées sous la supervision de la firme Sir W. G. Armstrong Whitworth & CO, ltd. Assez rapidement, par suite de la pénurie de main d'œuvre créée par la mobilisation de l'armée, la partie représentant la manufacture d'obus fut confiée au gouvernement belge chargé du recrutement de la main d'œuvre.
Toute la construction de cette future colonie belge fut orientée dès lors vers l'intégration de tous les services administratifs, des services publics comme la Poste, l'Hôpital d'une capacité de 100 lits, les cuisines et les restaurants communautaires, les Ecoles primaires et secondaires pour les enfants dont l'effectif a pu atteindre le nombre impressionnant de 500 à 750 filles et garçons encadrés par du personnel religieux (les Ursulines) et du personnel recruté parmi les militaires enseignant dans les deux langues nationales et l'anglais, des magasins d'alimentation, une boucherie, des installations de buanderies, de blanchisseries, et de bains publics, sans oublier bien entendu, toute l'infrastructure d'une usine à munitions : des ateliers, des forges, des entrepôts contenant les matières premières et l'énergie (charbon) ainsi que le stockage des produits finis, les obus de 4", 5", 6" et 8 pouces et leurs douilles. (--> origine du projet)
Route de Newcastle
Un bureau postal temporaire confié à un rédacteur belge, Monsieur Jean-Jacques JOSKIN, fut officiellement ouvert le 1 décembre 1916. L'équipe postale comprenait, outre le préposé principal, trois ex-facteurs belges recrutés parmi le personnel de l'usine. Deux guichets assuraient le service de toutes les opérations postales en connection avec le bureau central de Newcastle. Dès que le fichier d'état civil de la colonie fut dressé, le courrier fut distribué à domicile.
Il faut dire qu'au début le courrier des réfugiés belges était généralement très mal distribué. A l'arrivée des sacs postaux, un facteur anglais montait sur une table du "Dining house" et brandissant lettre par lettre il faisait un appel avec un accent anglais tel qu'il fallait beaucoup de bonne volonté pour recevoir son courrier dans les délais. En effet, des noms tels que "Picard" se prononçant avec l'accent britanique "Paicer" n'avaient aucune chance de trouver son destinataire et la lettre retournait alors inévitablement dans la sacoche! Ce bureau postal fonctionna sans interruption jusqu'au 14 janvier 1919, date à laquelle il fut définitivement fermé.

Tampon du bureau postal d'Elisabethville


Route de Newcastle
Route de Newcasle

Le village de Birtley-Elisabethville a été construit à un quart de mile (400 m) au Nord de Birtley, sur un peu plus de 21 hectares (60 acres) situés à proximité de la route Birtley-Gateshead-Newcastle-on-Tyne. D'autres estimations de l'époque rapportent que la surface couverte était d'approximativement 80 acres, soit environ 32 hectares d'un terrain de terres arables et de pâtures. La surface bâtie, d'environ 5 hectares, comprenait de nombreux logements pour célibataires, des "cottages" à trois chambres (343) et à deux chambres (325) destinés aux familles, 17 "chalets de type suisse" réservés aux cadres de l'entreprise, ainsi que quelques chambres de type "préfabriqué" en bois (22), généralement appelées "huttes".
Les célibataires logeaient dans des baraquements (17) avec chambres de trois lits de camp et salle de bains.
Les services publics comptaient notamment plusieurs bureaux d'administration, trois restaurants, une église, un hôpital, une école, un magasin d'alimentation, une boucherie, une ferme d'élevage de cochons, un garage, une station de gendarmerie avec un cachot, une petite station de pompiers, des bains et des buanderies, un cinéma et un cimetière. Au sud du site, ont été érigés les bâtiments d'usines, les ateliers, les entrepôts, les magasins d'approvisionnement en matières premières, la réserve de charbon, une station de chemin de fer et une station hydraulique. Le village était alimenté en eau et électricité.

Les "cottages" à deux chambres comprenaient :
1 combiné salon-cuisine de 5.5 x 3.5 mètres
deux chambres de 3.5 x 3 mètres
eau et électricité.

Les "cottages" à trois chambres comprenaient:
1 salon de 5 x 3.5 mètres
1 cuisine séparée de 2.5 x 2 mètres
une chambre à coucher de 3.5 x 3 mètres
une chambre à coucher de 3.5 x 2.5 mètres
une chambre à coucher de 2.5 x 2.2 mètres
eau et électricité

section 1

Cette première section jouxte la route venant de Birtley vers Gateshead. Le site d'Elisabethville se situe sur la gauche, où trois artères principales, perpendiculaires à la route, donnent accès au village. Ce sont respectivement le Boulevard Prince Charles Théodore, le Boulevard Prince Léopold et le Boulevard Princesse Marie José, rappelant les noms des enfants du Roi Albert 1er de Belgique et de son épouse, la Reine Elisabeth. Ces trois boulevards conduisent à une large avenue, parallèle à la route, et baptisée du nom de la Souveraine. Dans le système de numérotation des blocs, le quartier gauche est le bloc D, celui du milieu est le C, celui de droite est le B. Les écoles sont ainsi en C27, l'église et ses annexes sont C24, C25 et C26, les magasins prennent l'adresse C23.
Au centre du plan, bloc C, sont rassemblés le Magasin d'Alimentation dont on voit ici l'entrée à l'arrière de l'église, fonctionnant sur le principe d'une coopérative et la Boucherie-Charcuterie, tenue par Mr J. Verhasselt et dont la réputation a dépassé largement les limites du village.
L'église de l'archange Saint Michel "évoque davantage l'étable de Bethléem qu'une construction néogothique" écrit Camille Fabry, mais elle semble cependant très accueillante et ouverte à tous.
On y trouve quelques panneaux d'inscriptions dans les trois langues: La Maison de Dieu est la porte du ciel, ou Ma maison est une maison de prière ou encore Prions pour la généreuse Angleterre et Prions pour nos héros morts pour la Patrie. Au dessus du porche d'entrée, on trouve la devise nationale dans les deux langues.
Pendant toute la durée de la colonie, l'abbé Michel VERPOORTEN et ses adjoints, Fernand COLBRANT et Joseph THIRY, joueront un rôle très important dans la direction de la paroisse et dans le soutien moral des soldats.


La ferme permit l'élevage de la volaille et surtout celui du cochon dont on produisit quantité de boudins. A côté de cet élevage et donnant sur la route principale s'élevait le batiment du garage tenu par Hubert VERMEIREN que l'on voit ici au volant de la limousine du directeur. La limousine
Les écoles, à la rue de Liège, bloc C 27, regroupaient d'un côté les filles, de l'autre les garçons. Le jardin d'enfants, appelé l'école froebélienne, était mixte. Dans les classes très spacieuses, aérées et éclairées, les sœurs Ursulines enseignaient aux filles dans les trois langues, français, flamand et anglais, toutes les matières des sections primaires et secondaires. Les garçons avaient des militaires comme professeurs. Le corps professoral des écoles placé sous la direction d'un inxtituteur en chef comprenait 11 institutrices et 5 instituteurs. Dans les bâtiments se trouvait une bibliothèque paroissiale bien achalandée en romans du type "Le blé qui lève" d'Hervé Bazin et de nombreuses biographies.
Que ce soit à l'occasion des fêtes de fin d'année, lors des réjouissances de mars 1918 ou encore au terme du séjour en Angleterre, nombreuses sont les lettres qui parviennent à la direction de l'usine, dont quelques unes sont reprises dans la documentation et visibles en cliquant sur l'icône. Plume
Ce ravissant croquis aquarellé de l'"école des Ursulines" se trouvait dans un carnet d'autographes de Raoul Bailleux, le talentueux auteur de la revue "Faut pas s'en faire..", déposé par J. Bailleux au Musée de l'armée à Bruxelles en octobre 1978. Il nous a été très gentiment transmis par les collaborateurs de l'émission "Histories" de la chaîne "Canvas" de la VRT, Madame Ria van Alboom et Jan Coulommiers
Les maisons ont été construites suivant une répartition de "bloks" comprenant 5 à 9 habitations. Ces blocs sont groupés en sections A, B, C, D, E, H et I. Sur le plan ci-dessus, on peut repérer de droite à gauche, les sections B, C et D. Ainsi, le cordonnier habitait la maison située au coin du Bd R. Elisabeth et de la rue Leman. Elle est signalée par la lettre C dans le bloc 21. La photo ci-contre indique clairement la profession de son propriétaire: " Schoenmakerij". Au B21E, soit la 5ème maison du bloc 21 de la section B, on trouve un commerce de volailles, bilingue: Au Poulailler Doré" ou In Het Gouden Kieken"

section 2

Dans cette section du plan se trouvent les installations hospitalières (E33) qui se composent d'un hôpital d'une capacité de 100 lits, une stérilisation, une pharmacie, un bloc opératoire moderne. A l'arrière de celui-ci sont aménagés les cuisines, les réserves de vivres et de matériels, la buanderie, la lingerie. Un dispensaire d'usine a été inauguré le 2 septembre et tenu par un médecin, une infirmière et un homme de peine, ainsi qu'une permanence de garde nocturne assurée par un infirmier. Le taux moyen des consultations est d'environ 190 visites par semaine dont une vingtaine durant la nuit. Il ne faut pas perdre de vue le fait que les ateliers travaillaient par pauses alternées, jour et nuit
La construction des maisons du village fut, étant donné les circonstances, menée à vive allure. On fit notamment appel à des ouvriers belges, principalement des menuisiers car la majorité des maisons étaient en bois, et de plain pied. Franciscus Peeters, grand'père de Mr Freddy Janssens, après avoir migré en Angleterre dès 1914 avec sa famille fut recruté comme menuisier. Après la construction du village, il fut engagé dans l'équipe d'entretien des machines où il fut grièvement blessé et amputé du bras gauche. Les accidents n'étaient pas rares dans ces ateliers où foisonnaient une forêt de courroies de transmission.
Ces maisons s'agençaient généralement par groupe de six et chaque logement disposait d'un espace cultivable qui tantôt prenait l'aspect d'un jardinet, tantôt, chez les plus courageux, la forme d'un jardin potager
Dans cette partie du plan en bordure du boulevard Reine Elisabeth se trouvent quelques échoppes caractéristiques: le Magasin des Quatre Saisons (I18C, Prosper Maes), Chez Rigo, Chez Haling, Au Printemps (I18D,chez Otte), le Bazar Japonais, l'atelier de photographie de Julien DEDRIE à qui l'on doit la grande majorité des clichés photographiques de très bonne qualité!...
Birtley Echo : "Où allez-vous ? Je vais à la Quincaillerie ! On y trouve tout ce qu'on peut avoir besoin comme : Ustensiles de cuisine, Couteaux, Fourchettes, Savons, Essuie-mains, Peaux de chamois, Outils, Poêle, Huile, Ferronneries en tout genre. Cuirs, Accessoires de cordonnerie, Malles, Valises, Lampes de poche, Placements électriques, Jouets ordinaires et artistiques, Linoleum, Tapis, Papiers peints, Tapisseries, Vélos et accessoires, etc.." bref, une vraie caserne d'Ali-Baba du Système D.
La photographie résume tout en un cliché.
La modeste maison du photographe Julien DEDRIE, à qui l'on doit la grande majorité d'excellentes photographies du site. La plupart de ces clichés proviennent de deux albums de photos-souvenirs offerts au directeur H. Debauche et à son épouse.

section 3

Cette partie du plan représente les premiers logements de la colonie (Section A) qu'on appelait les baraquements: il s'agissait en fait de grands dortoirs équipés de douches et de toilettes à une extrémité. Y étaient logés tous les ouvriers recrutés pour la construction du site en 1915 et début 1916.
Le samedi 22 décembre 1917, à 6 heures du soir, s'ouvrit le 2e "Dining Hall" surnommé "Le Cheval Blanc" donnant au "Dining Hall 1" un prolongement plus convivial, plus sympathique, et surtout une ambiance bruxelloise. Le café est pour les belges bien plus qu'un bar ou un "public house". C'est avant tout un local de rencontres, de réunions même si la blonde "Pale-Ale" ou le "Stout" qu'on surnommait à l'époque un "congolais" coulaient généreusement..
Cet hôtel de guerre recevait dans ses murs les nombreuses sociétés philantropiques qui y tenaient leurs réunions.
Entrée du "Birtley Hall" dont il est question dans le rapport van Dijck. Cet endroit servit au début de dortoir-logement des premiers arrivés, ensuite il prit la vocation de salle de réunion et de théatre. De très nombreux spectacles y furent donnés, notamment les revues des années 1917 et 1918.
Rapidement, les services à la population se sont organisés. On vit ainsi éclore un salon de coiffure, un lavoir ou "Blanchisserie" nommée aussi " Wascherij", une cordonnerie, et bien d'autres activités au service de la population.
.La gendarmerie fit l'objet de nombreuses discussions entre les belges et leurs hôtes britanniques. A cette époque en effet les célèbres "Bobbies" accomplissaient leur tâches sans porter une arme. Il est vrai que maintenir l'ordre dans la colonie ne devait pas être une simple affaire d'autant plus que le règlement interdisait la sortie du site sans justification autorisée par les autorités. La veille de la Noël 1916, le bâtiment de la gendarmerie fut pris à partie par un mouvement réactionnaire s'opposant à l'obligation du port de l'uniforme.

section 4

La construction de l'Usine de Birtley, commencée en 1915 pour le compte des Etablissements Armstrong & co sur un site champêtre, assez boueux au départ, fut achevée au début de 1916. A proximité des voies ferroviaires d'acheminement des matières premières se trouvent les entrepôts d'obus finis derrière lesquels se situe l'implantation des Ateliers et des Hauts Fourneaux. Les ateliers de parachèvement étaient répartis suivant les différents, calibres, 4, 56 ou 8 pouces et suivant les tâches à exercer sur ces pièces qui, en fin de parcours, contrôlées puis entreposées dans l'entrepôt des obus finis, étaient prêtes à être emportées par chemin de fer. A côté d'un grand nombre de tours se trouvaient également les ateliers d'outillage, de réparation et de vernissage. La force motrice de ces tours se composait d'une véritable "forêt" de courroies. On ne peut imaginer le bruit infernal qui devait y règner et les nombre d'accidents inhérents à ce type de transmission.
Le boulevard Reine Elisabeth, orienté Nord-Sud, coupe le village en deux. Au delà des habitations de la zône ouest, on trouve les ateliers, la "gare" et ses voix de chemin de fer ainsi que les entrepots et la réserve de charbon. Ce panorama montre le haut-fourneau et quelques ateliers.
Sur les quais de la "gare de formation" sont entreposés les obus de tous les calibres qui seront embarqués par palettes entières à destination du front sur le continent.
Chemin de fer et zône de stockage du charbon.
Dans la direction Nord-Ouest, une parcelle de terrain fut convertie en cimetière qui reçu plus de 70 sépultures dont beaucoup d'enfants en bas-âge.En 1919 la gestion du cimetière fut confiée à la paroisse St Joseph de Birtley. A cet endroit délaissé depuis 1980, il ne subsiste malheureusement, plus aucun monument dressé.


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