Documents issus de l'enquête de 1986 en Belgique.

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D. Mc Murtrie
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Les correspondants de Mr Douglas McMurtrie en 1986.

Ces lettres, parfois très intéressantes et toujours très émouvantes, ont été souvent écrites par des correspondants qui ne sont plus parmi nous aujourd'hui mais qui resteront des témoins incontournables de la vie des réfugiés belges en Angleterre durant ces terribles années de guerre.
Les copies de ces documents que très aimablement nous ont confiées John G. Bygate, nous ont semblé faire partie intégrante de l'histoire de Birtley-Elisabethville. C'est à ce titre qu'elles apparaissent ici dans leur intégralité. Certaines ont fait l'objet d'une traduction française.
  1. Madame C.Callens-t'Felt, Groenenborgerlaan 9, 2610 Antwerpen.
  2. Mr G.Capouillez, rue Arthur Regniers 38, 6543 Biennes-les-Happart
  3. Mr M. Colonval, Entreville 93, 6558 Lobbes.
  4. Mrs A. De Smet-Quarteer, Deken Josefienstr 3 2100 Deurne, Antwerpen
  5. Mr L. Dewitte, rue Paul Pastur 42, 7900 Leuze-en-Hainaut.
  6. Mrs R. Dockx-Snels, Muggenberglei 73, 2100 Deurne, Antwerpen.
  7. Mr E. Evrard, rue des Agasses, 6180 Courcelles, Charleroi.
  8. Miss E. Feremans, Brederodestr 184, bus 22, A n t w e r p e n (+) écrire à Mrs FAEMS-FEREMANS, 7 Walburghstraat, St Niklaas 9100.
  9. Mrs H. Garnier-Gilis, Kan. de Deckerstraat 68, Mechelen
  10. Mrs Hagens-Bruynel, Gabriel Vervoorstr 6, bus 2D,2100 Deurne, Antwerpen.
  11. Mr F. Janssens-Deneve, Schaperijkreekstr 16, 8400 Oostende.
  12. Mr A. Joos, Van de Weyngaertlei 58, 2070 Ekeren, Antwerpen.
  13. Mr L. Lenaerts, Germeer 78, 2491 Balen Olmen.
  14. Mr L. Mestdagh, Poolspad 25, 8300 Knokke - Zoute.
  15. La Nouvelle Gazette, Quai de Flandre 2, 6000 Charleroi.
  16. Mr Herman Peel, Konijnenboslaan 4, industrie park, 2, Gistel.
  17. Mr G. Pelkmans, Konongstraat 87, 2390 Weelde-Ravels (historien).
  18. Mr H. Perrier, Rue du Chemin de fer, 44, 7210 Cuesmes, Mons.
  19. Mrs F. Prowse, 7, St Mary's Close, Shincliffe, Durham DH 1 2 ND.
  20. Mr J. Schelfaut-Biesemans, Eugeen Verbiststraat, 17 2120 Schoten, Antwerpen.
  21. Mr P. Schrijvers, Merellaan 7, 3500 Hasselt (historien).
  22. Mr Jacques Scory, Rue de Tarcienne 63, 6280 Gerpinnes, Charleroi.
  23. Mr Six-Huyghebaert, Molendreef 49, 8420 De Haan
  24. Mr L. Somers, Rustoordstr 14, 2060 Merksem, Antwerpen.
  25. Dr R. Stevens, Begijnenstraat 14, 2300 Turnhout.
  26. Mr J. Timperman, Lge v. Sterbeekstraat 18, 2008, Antwerpen (copie de "A little piece of Belgium in the heart of Durham")
  27. Mr Trappeniers, Koningin Astridlaan 16, 3290 Diest Hasselt
  28. Mr Karel van Hoorick, Kaudenaerde 61, 1710 Dilbeek, Bruxelles.
  29. Miss D. Van Den Bergh, Duffelsesteenweg51, 2550 Kontich, Antwerpen.
  30. Mr A. Van Den Bosch, Morckhovenlei 37 bus 10, 2200 Borgergout, Antwerpen.
  31. Mrs Van Den Heynde, Henri Evenepoelstraat 2, 2020 Antwerpen.
  32. Mr F. Vanderput, Jan Denucestraat 2/339, 2020 Antwerpen.
  33. Mr C. Vandercappellen, Olmenlaan 13, 2820 Bonheiden, Mechelen.
  34. Madame Vijvermans Clémentine, Jodderie straat 61, Hoboken, Antwerpen.
  35. Miss R. Vanderheyden, 38 chaussée de Châtelet, 6060 Gilly, Hainaut.
  36. Mr André Frans, Stijn Streuvelslaan, 2500 Lier.

Antwerpen, 13 octobre 1986
CALLENS - 't FELT
Groenenborgerlaan, 9
2610 - ANTWERPEN
B E L G I E

Aan de Heer McMurtrie,
School of Education,
Leazes Road, DURHAM DHI ITA England.

Geachte Heer,

In een artikel verschenen in onze krant "De Nieuwe Gazet" van 10 juli 1.1. werd melding gemaakt dat U inlichtingen verlangt over Belgen die in Birtley verbleven gedurende de oorlog 14-18.
Ik ben een kind van een der Belgen van toen.
Mijn vader Emiel t' Felt was beroepsmilitair, onderofficier bij het 7 & 17e linie régiment hij vertrek naar de IJZER.met zijn regiment werd gekwetst te St Joris ( blind) werd overgedracht naar England Westgate on Sea, verbleef een jaar in ziekenhuis, een oog werd gered doch de ander bleef blind zijn ganse verder leven.
Na het ziekenhuis werden wij overgebracht naar Guilford bij een famille WATTS op een kasteel.
Mijn vader moet gevraagd hebben aan het Belgian Refugees Commité om mijn moeder en mij over te laten komen naar England. Moeder was met mij uit Antwerpen waar wij woondenen nog wonen gevlucht naar Vlissingen, Holland om nieuws van mijn vader te kunnen ontvangen via de Consul van Belgie en zo heeft het commite ons kunnen bereiken en doen overkomen.
In Birtley waar later naar toe moesten werd vader tewerk gesteld in het munitiefabriek.
Wij woonden in de "rue de Malines" Elisabethville in volgende huisjes B24H, B22F, BC5B.
Hierbij copij van ons huisje + pas van mijn vader + familiefoto en nog een foto van Mr & Miss HUNTER uit Fell house hun winkel. Ik ben nog altijd in relatie met een der dochters, hun broer Jack moet nog in Birtley wonen denk ik.
Ziezo geachte Heer dat is wat ik U kan melden meerweet ik niet. If , sometimes there are words you would not understand, please let it know I would wright you in english.
With the best greetings from Antwerpen.
P.S. Mijn ouders zijn overleden. Zij hadden meer verteld.
(sé) M t' Felt echt. Callens

La maison de la famille Felt Certificat de Emiel Felt

Bienne-lez-Happart,le I7/07/I986
CAPOUILLEZ Gaston
Rue Arthur Regniers,38
6543 BIENNE-LEZ-HAPPART
B E L G I Q U E

Monsieur Douglas Mac Murtie ,
School of Education,
DURHAM DH 1 1 TA (Angleterre).

Monsieur,

J'ai lu dans la NOUVELLE GAZETTE de CHARLEROI que vous recherchiez des renseignements sur ce qu'étaient devenus les 4.000 ouvriers belges de l'usine de munitions de Birtley après la première guerre mondiale.
En fait de documents je ne possède rien, mais je me souviens très bien d'Arthur Brogniez qui était né à Merbes-Ste-Marie mais qui, au moment de sa mobilisation en 1914, habitait chez son frère Nestor Brogniez à Peissant, localité voisine de Merbes-Ste-Marie.
A la déclaration de guerre en 1914, j'avais 8 ans; j'habitais alors à Merbes-Ste-Marie. Je fréquentais souvent la maison natale d'Arthur Brogniez qui était située à environ 100 mètres de la mienne et dont le père, décédé il y a de nombreuses années, s'appelait François Brogniez.
Arthur Brogniez, qui était célibataire, avait 3 frères :

  • Nestor Brogniez, décédé à Peissant, père d'un fils, Georges Brogniez, décédé. Ce dernier père d'une fille mariée, qui habite dans les environs de Walcourt, en Belgique.
  • Alphonse Brogniez, décédé à Merbes-Ste-Marie, père de deux fils: Jules Brogniez, qui était mon ami, décédé à Merbes-Ste-Marie il y a 5 mois, à l'âge de 80 ans et François Brogniez, plus jeune, en vie et qui habite la maison natale d'Arthur Brogniez, rue des Alliés à Merbes-Ste-Marie, père d'une fille, Solange Brogniez, qui habite également Merbes-Ste-Marie.
  • Camille Brogniez, sans descendants, décédé.
Je vous signale aussi que le nom d'Arthur Brogniez figure sur le monument aux morts de la commune de Peissant et qu'une rue de cette localité porte son nom.
Espérant que ces quelques renseignements auront quelque intérêt pour vous, veuillez agréer, Monsieur, l'assurance de ma considération distinguée.
Signature de Capouillez (sé) CAPOUILLEZ Gaston.

Lobbes, le 20 juillet 1986
COLONVAL Maurice
93, Entreville
6558 - LOBBES
B E L G I Q U E

Monsieur McMurtrie,
School of Education,
Leazes Road, DURHAM DHI ITA England.

Cher Monsieur,

Un article paru dans la nouvelle gazette de Charleroi du 12 juillet 1986 relatant un village du Nord-Est de l'Angleterre où 4.000 belges ont travaillé dans une usine de munitions de Birtley pendant la guerre 1914-1918 a retenu toute mon attention.
Etant dans l'impossibilité d'écrire cette lettre en anglais, je vous soumets le texte en français espérant que vous pourrez le traduire.
Je m'empresse de vous dire que Papa (Georges COLONVAL) était un de ces ouvriers ayant travaillé dans cette usine de munitions mais voici 40 ans qu'il est décédé; il aurait maintenant 95 ans.
Durant sa vie, il me parlait souvent de son séjour et son travail en Angleterre pendant la période de septembre 1916 à la moitié de l'année 1919, période où il passa 3 années de sa vie loin de sa famille. Je me fais un réel plaisir de vous donner quelques modestes témoignages ainsi que quelques documents attestant sa présence à Birtley.
Je vais tout d'abord m'efforcer d'expliquer sa vie militaire et la raison pour laquelle Papa a été désigné vers cette usine de munitions de Birtley pour y fournir un travail utile qui correspondait à son métier d'ouvrier de machines-outils avec la spécialité de raboteur.
Papa est né à Ham-sur-Heure, le 1er décembre 1891, petite localité rurale de la province de Hainaut, à 15 kilomètres de Charleroi: il fut mobilisé pour y faire son service militaire le 2 octobre 1911 au premier régiment de grenadiers à Bruxelles et ce, pour une durée de 12 mois: le 4 août 1914, il fut mobilisé pour la guerre, les allemands ayant envahi notre pays; il prit part aux combats et en particulier à ceux de l'Yser où tant de braves jeunes hommes ont laissé leur vie; pendant l'hiver 1915-1916, il y eut les pieds gelés dans les tranchées, ce qui le fit entrer dans les hôpitaux à plusieurs reprises pour les soins;le 3 septembre 1916, il ne fit plus partie de l'armée au combat pour raison de santé et fut envoyé en Angleterre pour y travailler de son métier et fut dirigé sur Birtley.
Pendant son séjour à Birtley il m'a raconté avoir eu des permissions pour rendre visite à sa fiancée qui était évacuée devant l'avance des armées allemandes à Laval, en France, dans le département de la Mayenne; le 11 novembre 1918 fut signé l'armistice et le 10 décembre 1918 il obtenait une permission spéciale pour contracter mariage à Laval en France. Après le mariage, il dut rejoindre son cantonnement de Birtley.
Je joins une photocopie d'une feuille de son livret de mariage où est inscrit son domicile à cette période (Birtley, Angleterre) ainsi qu'une photocopie de son logement dans le bloc H. n°18 où est inscrit sur un panneau: Elisabethville, Hotellerie pour hommes. Papa est le Monsieur avec casquette se trouvant près de la porte d'entrée du logement.
Il fut renvoyé en Belgique vers le milieu de l'année 1919 et fut ensuite dirigé à Aix-la-Chapelle en Allemagne pour y être démobilisé le 7 août 1919 et rentrer près de son épouse qui était elle aussi revenue d'exode lorsque le pays fut libéré; je joins la photocopie de son titre de congé de démobilisation, sa photo de soldat, sa carte d'identité de guerre, son carnet de mobilisation, son certificat lui octroyant 5 chevrons de front, son carnet de la carte du feu.
Des distinctions honorifiques pour faits de guerre lui furent décernées dont voici les titres: Croix de guerre avec palmes, Croix de l'Yser, Médaille de la Victoire, Médaille commémorative de la guerre 1914-1918. Il lui fut également décerné 5 chevrons de front.
Il a eu 3 enfants, 3 garçons dont un a fait son service militaire en 1939. Quant'à moi, j'ai servi après la libération de notre pays dans la 2e Armée britannique sous le commandement du Général Dempsey, au service de l'armée belge (15th Belgian Pionneers) en Hollande et en Allemagne.
Papa est décédé le 13 janvier 1946; il aurait 95 ans maintenant mais j'ai toujours gardé ces quelques documents en souvenir et que je tiens bien précieusement; je les ai rassemblés et espère qu'ils vous seront utiles et serviront de base à vos élèves de l'école primaire; je forme le vœu que d'autres documents vous parviennent qui pourront témoigner peut-être plus efficacement que moi et de ce fait, faire l'historique de ce village belge de Birtley que l'on appelait Elisabethville. Je vous saurais gré de m'envoyer un accusé de réception de la lettre ainsi qu'une photo de Birtley que je pourrais ajouter dans mon album.
Pour ma part, je vous envoie quelques photos de mon village où mes parents ont vécu depuis 1921, petite commune de 4.000 habitants où le 21 août 1914 des combats meurtiers eurent lieu entre l'armée française et allemande.
Dans l'attente de vous lire, recevez Monsieur Douglas Mac Murtrie, l'expression de mes sentiments respectueux des liens d'amitié qui unissent nos deux pays.
(sé) COLONVAL Maurice

La maison de la famille Felt

Antwerpen, 29-07-1986
DE SMET - QUARTEER
Deen Jozef Lenstraat n°3
2100 Deurne - Antwerpen
B E L G I E

Aan de Heer McMurtrie,
School of Education,
Leazes Road, DURHAM DHI ITA England.

Mijnheeren,

(traduction) ...... Mes parents ont vécu à Birtley durant la guerre 1914-1918 et je suis né là-bas le 3 janvier 1919. Mon père était soldat du front, blessé en 1916, et après sa guérison il fut envoyé en Angleterre pour y travailler dans l'industrie de guerre. Ma mère était en Angleterre; tous les deux sont décédés actuellement.
Bien que mon certificat de baptème renseigne que je suis né à Birtley, mon passeport indique la ville de Harraton. Je ne sais pas où elle se situe, peut-être dans le Comté ?
Je vous envoie deux photographies: l'une d'elles est une photo de mariage. Le nom du studio de photographie est dans le bas:
Mr et Mad. Smet, Bijou Studio, Fulham Road
Mr et Mrs Smet, Mackay and Co studios, Westgate Road
Mr De Smet (junior) 1938. C'est une photo de moi-même à la mobilisation de 1939 à l'âge de 20 ans. Studio Bourg Léopold.
De Heer - Mevrouw
De Smet - Quarteer

Leuze, le 17/07/1986
Leo DEWITTE
42 Rue Paul Pastur
7900 LEUZE
B E L G I E

Aan de Heer McMurtrie,
School of Education,
Leazes Road, DURHAM DHI ITA England.

Geachte Heer,

(traduction)J'ai trouvé votre adresse dans la "Gazette van Antwerpen" dont je suis le seul abonné de la ville de Leuze en Hainaut (+/- 8.000 habitants, la majorité francophones).
Né le 5/06/1907, j'ai dépassé aujourd'hui l'âge de 79 ans.
En Septembre 1914, ma mère, nommée Malvina GELDHOF, fut envoyée à Thornhill, Dumfriesshire, Ecosse, accompagnée de ses 4 enfants: Lydie, Christina, Léo(n) -moi-même- et Norbert, tous du nom de DEWITTE. Son époux, Julien DEWITTE, mon père, était resté au front en Belgique.
A la mi-août 1914 ma marraine, Marie GELDHOF, soeur de ma mère, gagna l'Angleterre avec son mari Armand TOMBALLE et finalement arriva à Birtley où une usine de munitions venait d'être construite ainsi qu'un campement qui devint ensuite un joli village de baraquement appelé Elisabethville.
A Elisabethville la plupart des habitants parlaient le flamand; les résidents âgés de plus de 14 ans et quelques jeunes filles travaillaient à l'usine de munitions. Une clôture entourait le village gardé par une grille de fer forgé qui donnait accès à la route principale de Birtley à Newcastle-on-Tyne. Par cette route nous allions faire nos courses à Birtley.
Mes deux sœurs aînées et moi-même allions à l'école "Norton Public School" - aujourd'hui "Norton Academy" - à Thornhill en Ecosse. Bon élève, j'y reçu un prix de "Recitation" le 30/06/1915, sous la forme d'un livre sur le Roi Albert, imprimé par le Daily Telegraph, aidé du "The Daily Sketch", du "The Glasgow Herald" et "Hodder & Stroughton"; mon professeur était à ce moment la bonne Miss Currothers.
Entretemps, nous avions eu l'adresse du ménage TOMBALLE-GELDHOF avec lequel nous sommes restés en contact.
A la fin de septembre 1917, ma mère accepta de m'envoyer chez ma marraine à Elisabethville où je fréquentai l'école belge primaire en régime flamand - la majorité des habitants parlant cette langue ainsi que la plupart des enseignants, anciens blessés du front et mis à la retraite.
A Elisabethville, je vécu une vie très monotone, allant à l'école, accompagnant ma marraine dans ses courses à Birtley, essayant de me perfectionner en flamand, allant le Dimanche matin aux offices de l'église catholique romaine de l'usine et le Dimanche après-midi au "Jeu de balle" qui se jouait entre les clubs locaux.
(sé) Léo DEWITTE

Jeu de quilles Jeu de balle

Deurne, le 19 juillet 1986
Madame R. DOCKX - SNELS
Muggenberglei, 73
2100 DEURNE Antwerpen
B E L G I E

Monsieur McMurtrie,
School of Education,
Leazes Road, DURHAM DHI ITA England.

Monsieur

J'ai lu dans la Gazette van Antwerpen que vous souhaitiez recevoir des informations sur Birtley; je puis vous dire que, jeune fille de 16 ans à cette époque, j'y ai vécu deux ans avec mes parents, une sœur et deux frères. Nous n'habitions pas un campement, mais plutôt une jolie habitation de pierres et de bois sur le Boulevard Reine Elisabeth où nous avions un salon, trois chambres à coucher et un réduit à l'arrière. Tout était meublé. Il y avait aussi une grande usine de munitions où de nombreux soldats qui avaient été blessés au front, travaillaient agréablement dans la fabrique. Les manœuvres effectuaient un travail lourd qu'ils commençaient très tôt.
Il y avait un grand village équipé d'un hôpital belge, un grand magasin d'alimentation, une boucherie, une école, une église, etc..
Les hommes logaient dans des baraquements, mangeaient dans des cantines, mais la plupart des locataires de maisons hébergeaient des pensionnaires. Nous avions dans notre maison trois wallons et un flamand que, plus tard, j'épousai à Anvers. J'allais chaque semaine à Newcastle, après Lofel et Gaitshead (Gateshead). Là, au Théatre de l'Empire, se donnaient de jolis spectacles qui commençaient toujours par le "God save the King".
Il y avait à Birtley un grand cinéma belge.
Je suis maintenant une dame âgée de 85 ans, mais je me souviens encore de tout et je voudrais ajouter que le peuple anglais nous a toujours bien aimé et que je voudrais le remercier.
Je souhaite que par ces quelques renseignements j'ai pu vous rendre service et que vous recevrez encore beaucoup de lettres en réponse à la vôtre.
Avec toutes mes salutations amicales,
(sé) Madame R. DOCKX - SNELS

Courcelles,le 20 juillet I986.
E. EVRARD.
Inspecteur de Police
7 Rue des Agasses
6160 COURCELLES
B E L G I Q U E

Monsieur Mac Murtrie,

School of Education,
Leazes Road, DURHAM DHI ITA England.

Monsieur Mac Murtrie,

J'ai pris connaissance avec plaisir de votre demande de renseignements sur les Belges de Birtley de la guerre 14/18. Je tiens à vous informer que mon père a été l'un de ceux-là mais en tant que soldat.
Mon père, Monsieur Odon EVRARD, est né à Courcelles 9/I2/I893 et était sergent aux Chasseurs à pied de Charleroi lors de la déclaration de guerre au mois d'août 1914.
Fin 1914 ou début 1915, je ne sais plus bien, il fut grièvement blessé et transporté au "Kings Albert Hospital" à Londres où il fut très bien soigné. Ensuite il a été tranféré pour sa convalescence à Birtley où après une petite période de repos il a travaillé à l'usine à munitions jusqu'à son retour au front début 1917.
J'ai l'honneur de vous transmettre à ce sujet trois photos numérotées de 1 à 3 que vous pouvez garder.

  • La première est mon père en compagnie d'autres soldats Courcellois de différentes armes, blessés eux aussi entre 1914 et 1915 et qui se trouvaient à Birtley. Mon père est le soldat surmonté d'une croix.
  • La seconde est mon père photographié à l'entrée d'un baraquement mis à la disposition des Belges.
  • La 3e est pour vous la plus importante. Vous y voyez mon père assis et à ses côtés son ami "Bob" un militaire Anglais.
Tout ce que je sais vous dire c'est que ce Monsieur " Bob" dont je ne connais pas le nom de famille était lui un habitant de Birtley.
Mon père, grand invalide Guerre 14/18 a été dès le début de la guerre 40/45 chef d'un groupe de Résistance Armée jusqu'à la Libération et s'est chargé de l'hébergement , de la nourriture, de l'habillement et du transfert de 37 aviateurs Anglais pendant cette période. Il est malheureusement décédé le 27/I2/I951 à l'âge de 58 ans. Quant à moi, sergent de la Résistance Armée, Volontaire de Guerre 40/45, je suis Inspecteur de Police à Courcelles.
Je regrette de ne pouvoir vous en dire plus, mais je vous remercie très sincèrement de vous souvenir de nos pères de Birtley pendant la 1ére guerre.
Veuillez recevoir, Monsieur Mac Murtrie, l'expression de ma considération la plus sincère.
Paraphe Evrard (sé) E. EVRARD.
Inspecteur de Police.

Antwerpen, 13 octobre 1986
Miss Elise FEREMANS
Brederodestraat 184 bte 22
2610 - Antwerpen
B E L G I E

Aan de Heer McMurtrie,
School of Education,
Leazes Road, DURHAM DHI ITA England.

Cher Monsieur,

Par hasard j'ai lu dans le journal "La nouvelle Gazette" votre appel à la mémoire de Birtley de 1914 à 1918. J'y réponds très volontier d'autant plus que je trouve votre proposition merveilleuse.
Je conserve quelques souvenirs de Birtley et de ce que mes parents, aujourd'hui décédés, me racontaient ainsi que quelques photographies les montrant comme de jeunes parents belges tenant dans leurs bras un bébé.
Mon père, Edmond Edouard FEREMANS, né à Hieldrecht en 1889, domicilié à Antwerpen, fut blessé au front. Ma mère, Maria Louise avec un enfant, Elvire,âgée de 2 ans, s'était enfuie en Hollande et ensuite retrouva mon père qui avait été transféré et hospitalisé en Angleterre.
Nous avons vécu tout d'abord à Cambridge, ensuite dans un hôtel à "Riding Mill on Tyne".
En 1916 mon père est allé à Londres pour un examen médical. Il fut déclaré inapte pour un service militaire, mais suffisamment apte à travailler dans une usine de munitions. Dans le civil, il était en fait employé de banque!
On construisait à cette époque la "National Projectile Factory" à Birtley .. il fut engagé comme aide-tourneur.
J'ai encore une photo de ma mère et moi sur la route de Birtley.
Mon père a travaillé à Birtley du 3 mai 1916 au 27 décembre 1918. Mon frère, René FEREMANS, y naquit le 5 juin 1916, mais nous l'avons malheureusement perdu en 1980. Il fut professeur d'anglais ainsi que sa fille. Vous voyez donc que l'Angleterre ne nous a jamais quitté.
Nous habitions à l'adresse D 2T D suivant un document que je possède encore. L'habitation suivante était celle d'une famille JANSSENS originaire d'Ostende. Le Monsieur était sculpteur et fit de nombreuses statues pour l'église. Mon père en avait une de St Joseph !
En face de chez nous, habitait la famille VERHAERT d'Anvers et sur la route, la famille CHARLET de Louvain. Mes parents ont conservé tout le temps le contact avec eux. Naturellement, ils sont tous morts actuellement.
Un autre document montre que nous avons quitté Birtley pour revenir en Belgique, le 9 janvier 1919, suivant une "Autorisation de départ" signée par le Directeur général M. Debauche et portant les numéros 5408 et 5409. Nous avons embarqué à Hull et étions à Anvers trois jours plus tard. Il y avait sur le bateau des prisonniers de guerre allemands. Je me souviens de tout cela bien que je n'avais que 5 ans et demi et mon frère 3 ans et demi.
J'ai encore plusieurs autres documents. S'ils vous intéressent, je peux en faire des photocopies plus tard; ce sont:

  • Des certificats de nationalité belge
  • Le passeport de mon père reçu de la fabrique.
  • Un certificat d'enregistrement comme réfugié belge, estampillé à Birtley.
Je fus donc un "enfant de Birtley", mais maintenant je suis une simple vieille dame pensionnée!
(sé) Miss Elise FEREMANS.
Maman et Bébé Feremans Enfant Feremans Famille Feremans

Antwerpen, 13 octobre 1986
GARNIER - GILLIS
Groenenborgerlaan, 9
2610 - ANTWERPEN
B E L G I E

Aan de Heer McMurtrie,
School of Education,
Leazes Road, DURHAM DHI ITA England.

Monsieur,

Je suis désolée de n'avoir pas répondu plus tôt mais voici bientôt 4 semaines que je suis souffrante.
A la suite du bombardement de Malines, nous avons été évacués d'Anvers en 1914 et envoyés en Angleterre.
Nous avons séjourné d'abord à Portishead près de Bristol. Mon père s'engagea ensuite à la fabrique de munitions où nous logions dans le camp d'Elisabethville.
Moi-même, j'ai presque tout oublié mais ma cousine, la fille de mon frère avait tout entendu de sa grand'mère et arriva avec l'annonce faite dans la gazette de Malines.
Moi-même, je suis née le 8 mars 1905. J'ai eu deux frères plus jeunes mais aujourd'hui je reste seule de nous cinq.
Nous allions donc à l'école des soeurs où nous avions bien pu apprendre. Comme enfants, nous y étions bien et vraiment heureux.
A Malines, nous avons d'abord été évacués sur Anvers dans la famille de notre père.
En 1918, nous sommes revenus dans notre maison. Le marché aux grains ayant été bombardé, nous avons été vivre dans la "katelijnestraat" juste en face de l'église, dans la maison de ma tante qui fut achetée plus tard par mes parents.
Si vous voulez plus de renseignements, je peux toujours vous écrire à nouveau.
(sé) Madame Garnier - Gilis

Deurne, 30/07/1986
M. Bruyneel
Gabriel Vervoortstraat 6, app. 3D,
2100 DEURNE
B E L G I E

Monsieur McMurtrie,
School of Education,
Leazes Road, DURHAM DHI ITA England.

Cher Monsieur,

traduction
Nous avons lu votre article et votre annonce dans le journal.
Maman n'est pas assez bien pour écrire maintenant, c'est pourquoi moi, sa fille, je prends sa place. Ne possédant pas bien la langue anglaise, je me sens bien plus à l'aise en flamand.
Maman est née le 8 décembre 1907. Elle a habité à Birtley avec ses parents et ses deux frères qui sont encore en vie actuellement. Leur père travaillait à l'usine de munitions.
Je ne peux pas vous donner plus d'informations. Elle ne peut plus se rappeler de beaucoup de choses de cette période, non plus chez qui elle a vécu pendant cette période.
J'espère que vous avez eu quelques renseignements avec ce peu de données.
Si vous souhaitez la contacter à nouveau, son adresse est la suivante:
Madame Hagens veuve Bruyneel, Gabriel Vervoortstraat 6, app. 3D, 2100 DEURNE, Belgium.

N.B. Ce sera notre plaisir de savoir si cette lettre vous est bien parvenue.
Avec nos salutations amicales,
(sé) M. Bruyneel

P.S. Maman a été chez Miss Satieline.
Elle a été à l'école chez les sœurs où elle a appris de beaux travaux manuels de 1915 à 1918.
Madame Hagens veuve Bruyneel,

Oostende, 1/08/1986
Frans JANSSENS-DENEVE
Schaperijkreekstraat 16
28400 Oostende
B E L G I E

A Monsieur Mac Murtrie,,
School of Education,
Leazes Road, DURHAM DHI ITA England.

Monsieur McMurtrie,

Avant tout, je m'excuse pour ma mauvaise grammaire anglaise.
Par mon Journal "Het Laatste Nieuws" j'ai appris votre demande à propos des belges ayant travaillé dans l'industrie de guerre durant la guerre 14-18 à Newcastle-on-Tyne. Ci-inclus une copie de votre demande traduite en flamand. Vous trouverez aussi ci-joint une copie d'une photographie de mon père avec un soldat belge et la copie d'une lettre que mon père m'a envoyée.
Environ douze hommes, libres de service militaire, échappé d'Ostende en 1914 avant l'arrivée des allemands. Ce groupe gagna Dunkerque puis Londres en Angleterre et finalement Newcastle-on-Tyne.
Je pense qu'ils ont trouvé du travail dans une entreprise nommée "Armstrong".
Les femmes et les enfants étaient restés chez eux.
Mon père, Jean Edouard JANSSENS,né à Ostende le 14/12/1885, son beau-frère Alphonse GUERRY, et leur meilleur ami Léon BAES faisaient partie du groupe. Ensemble avec d'autres, ils trouvèrent à se loger en pensionnat et par groupe de deux ils assuraient un travail jour et nuit. Ainsi, chaque couple avait un lit pour dormir. Ils recevaient un bon salaire. Mon père et d'autres camarades sont rentrés à la maison au début de 1919. Ma soeur et moi ne les ont pas reconnus car nous étions trop jeunes quand ils sont partis.
Ils nous ont rapporté du chocolat et d'autres cadeaux pour toute la famille et pour moi-même une bicyclette anglaise emballée dans plusieurs paquets.
Plus tard, quand mon père repris du travail à la maison, je me souviens qu'il chantait souvent des chants anglais comme "Bring me back to dear old Blighty" et aussi "It 's a long way to Tiporary".
Vous trouverez d'autres détails dans les autres pages.

J'espère, Mr Mac Murtrie, que ma lettre vous a donné quelques informations sur les Belges qui ont travaillé en Angleterre pendant cette inoubliable guerre 14-18.
Avec toutes nos salutations.
(sé) Frans Janssens-Deneve.
Annexe: Sont encore en vie les enfants de Jean Edouard Janssens:

  • Blanche, née 11/09/1911
  • Frans, né le 4/01/1914
  • Emile, né le 28/07/1924

Gluren, 17/07/1986
A.JOOS
Van de Weingaertlei, 58
2070 Gluren (BURCHT)
B E L G I E

MonsieurMcMurtrie,
School of Education,
Leazes Road, DURHAM DHI ITA England.

Cher Monsieur,

En rapport avec l'article "Belgen in Engeland in W.O.I." je peux vous faire savoir que mon oncle, Jan Armand Van De Wiel, originaire d'Anstruweel près d'Anvers est parti en Angleterre via la Hollande. Je ne sais pas où il a séjourné en Grande Bretagne mais je sais bien qu'il a trouvé du travail dans différentes places dans l'industrie de guerre (peut-être aussi à Birtley, je l'ignore mais c'est possible). Il a épousé une dame anglaise et est resté habiter à Kenilwoth. Il a eu trois enfants: deux filles et un garçon. Il a travaillé surtout à Coventry et est décédé il y a quelques années.
L'adresse de son fils est : Pieter van de Wiel, Springhill 18, Fieldgate lane CV8, 1BT, Kenilworth.
Espérant que cette information vous soit utile, je vous salue.
(sé) A.JOOS (ancien instituteur)


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